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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 07:44

Chaptire 52

 Résumé des chapitres précédents : Un article élogieux sur la troupe de Boris, les Grumeaux, fait subitement ressurgir les vieux démons de Nora.

 

        La nuit suivante, les Grumeaux sont là, à côté du lit.         

          — Voulez-vous bien sortir de ma chambre, s'indigne Nora. En voilà des manières ! C'est pas un cirque, ici !

         — On vient chercher Charlie, dit calmement Boris.

         Il a une voix d'outre-tombe, comme la Mort dans le film des Monty Pithon.

         — Pas question, le rembarre Nora, il est à moi. Et cassez-vous, ou je vous fais coffrer pour violation de domicile !

         Sans tenir compte de son avertissement, les trois clowns s'avancent. Surprise : ils boîtent.

         — Et vous vous foutez de moi, en plus, râle Nora.

         — Du tout, on est vraiment caduques.

         — Ah ouais ? Vous avez eu un accident de voiture, peut-être ? Tous les trois ?

         — Pas de voiture, de bonne femme. Et il nous manque un pied. T'as déjà vu une table à trois pieds ? Ça branle salement.

         — C'est ça ! Ben branlez-vous et laissez-moi pioncer, siffle Nora.

         Elle se tourne vers le mur, ramène la couette sous son menton, ferme les yeux. S'efforce de se détendre, de respirer calmement. Pas évident, avec ces trois fantoches qui furètent dans le noir. Mais qu'est-ce qu'ils glandent encore, bordel ?

         « Collons-nous contre Charlie, se dit-elle. À son contact, je vais me rendormir : rien n'est plus contagieux que le sommeil. »

         Elle tâtonne à la recherche de la forme familière. Ne rencontre que du vide. Se rassied d'un bond.

         Aux confins de la chambre, trois ombres en halent une quatrième. Avec des hahanements qu'affaiblit la distance, ma foi considérable.

         — Eeeeeeh ! hurle Nora.

         Trop tard : l'obscurité vient de les avaler.

         La jeune femme se réveille en sursaut, le corps assailli de fourmis d'angoisse. À quelques centimètres de son flanc gauche, Charlie ronflotte. Chaud. Sonore. Terriblement loin, terriblement seul, mais néanmoins là.

         Comme dans son rêve, elle se pelotonne contre lui. Esquisse, la main en conque, ce geste d'encouragement dont les femmes ont le secret. La chair sollicitée reste stoïquement flaccide. Alors Nora se lève, enfile un pull à même la peau et, pieds nus, jambes nues, les nerfs à vif, rôde dans la maison glacée.

                                                                                                                                         (A suivre) 

 

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commentaires

P
Jolie, l'expression délicate mais parlante de la "main en conque"...
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G
Bof, en rêve, on reste toujours soi-même, hein !
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C
Une chape de ténèbres s'étend paresseusement sur notre belle histoire...<br /> Même en rêve, Nora a de la répartie. Dehors, les branleurs !
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G
Bon, c'est un rêve, quand même, hein !
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T
Déjà, l'apparition des fantomôches, ça nous rappelle qu'on est dans une histoire de Gudule (des fois qu'on l'aurait oublié).
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