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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 07:40

Chapitre 66

Résumé des chapitre précédents : Nora a largué les amarres et part à la dérive. Mais en chemin, elle re-rencontre l’ange. Au même endroit que précédemment. 

 

         Nora attaque son sandwich. Mâche au ralenti. On ne parle pas la bouche pleine. L'ange comprend à demi-mots, et même à pas de mots du tout.

         — Où loges-tu, alors ?

         — J'en sais rien.

         Il s'en doutait. C'est intuitif, un séraphin.

         — Ça se voit tant que ça, que je sais pas où aller ? s'étonne Nora.

         Il hoche la tête.

         — La nuit, tous les paumés sont gris.

         — Je suis grise, moi ? J'ai même pas bu.

         — Je ne parlais pas d'état mais de couleur.

         Menton sur la poitrine, elle examine ses fringues.

         — Je ne suis pas grise, je suis noire, blanche et bleu délavé.

         —  Ton visage est anthracite.

         — Ben v'là autre chose !

         — Comme les p'tits rats des villes. Y en a plein, sur les rails du métro. Ils bouffent les mégots de cigarettes et les cartons de MacDo. Quant le train arrive, ils se planquent sous le balast. Des fois, ils se battent pour les bouts de pain que leur jettent les clodos. Les bas-fonds urbains ont aussi leur zoo.

         — Merci pour la comparaison, siffle Nora.

         Ce sandwich est dégueulasse. Du papier de verre.

         — Fallait demander des cornichons, dit l'ange.

         — J'ai rien bouffé de la journée et ce truc me dégoûte, s'effare Nora, repoussant l'assiette.

         — Tu mange quoi, d'habitude ?

         — De la soupe. Mais je ne crache pas sur un petit cheese de temps en temps.

         L'ange hoche la tête.

         — Je peux t'héberger, si tu veux.

         Un sauveur. Une bouée lancée à la naufragée dérivant sans épave.

         — Tu es sûr que ça ne te dérange pas ?

         — Tu te feras toute petite.

         — Et Lulu ?

         — Oh, elle...

         — Je ne voudrais pas m’imposer.

         — T'inquiète pas pour ça, t’es mon invitée.

         Un sauveur, dis-je. Et le mot n'est pas trop fort.

                                                                                        (A suivre)

 

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commentaires

P
Hum, c'est ce qui s'appelle se jeter dans la gueule du loup... Vite, la suite, je m'inquiète pour cette inconsciente !
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C
Tremblez, contrepéteurs, vous allez connaître l'état Tillon.
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G
Oh, c'est pas bien méchant, Tillon !
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C
C'est pas bientôt fini, ces contrepèteries ? Si ça continue, je vais faire des pauses Tillon, moi.
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G
j'aurais pu mettre aussi : "La nuit, tous les pots sont grimés..." mais ça n'aurait pas été galant pour Nora.
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