Echo du village (2)
J’ai, dans le village, une petite maison destinée à loger la famille et les amis, que je loue parfois à des vacanciers. Un matin, une dame d’une quarantaine d’années vient sonner à ma porte. Elle cherche un gîte pour l’été. Comme la maison est libre, je la lui fais visiter. À peine entrée, elle fond en larmes.
— C’est un signe de Dieu, s’écrie-t-elle. Ce lieu m’est destiné, je le sens. Je vais m’y installer définitivement.
Embarrassée par un tel enthousiasme — qui me semble quelque peu excessif, vu que le gîte est sympa, certes, mais sans plus —, je lui explique que ce n’est pas possible : je tiens à garder un pied-à-terre disponible pour mes proches.
— Vous changerez d’avis, assure-t-elle. Les vibrations de cet endroit sont en accord avec les miennes, vous comprenez ? Je dois habiter ici, c’est une question de karma !
Elle me tend sa carte.
— Rappelez-moi dès que je pourrai emménager.
Et elle s’en va, non sans voir marqué la porte d’un signe de croix.
Je jette un coup d’œil sur la carte : Adelaïde, voyante. Je ne l’ai jamais rappelée. Elle non plus. Faut dire, j’avais omis de lui donner mon numéro...