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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 07:01

Le petit chat qui chiait du gras

   On traîne derrière soi de vieux remords qui reviennent vous hanter les nuits d’insomnie. Cette histoire me poursuit depuis presque un demi-siècle. 

         Je venais d’arriver à Beyrouth avec mon bébé quand, au cours d’une promenade, je trouve un chaton dans la rue. Tout attendrie, je le ramène chez moi. Mais que sais-je, à l’époque, de la manière d’élever un animal, des soins à lui donner, des choses à ne pas faire ? En dépit de mes supplications, mes parents n’ont jamais voulu de bêtes...

         Ça mange quoi, les chatons ?  Je n’en ai pas la moindre idée.

         La veille, j’ai préparé un gigot, et le fond de la lèche-frite est couvert d’une épaisse couche de graisse figée. A tout hasard, je la lui tends ; il se rue dessus et se met à lécher, lécher... « Ben voilà ! » me dis-je, toute contente, sans réaliser qu’un tel aliment, en grande quantité, est forcément nocif pour un aussi frêle organisme. Résultat : au bout de quelques heures (ou de quelques minutes, je ne me souviens plus), la malheureuse bestiole se met à chier du gras. Ça lui coule du cul en longues traînées molles, comme si la graisse de viande avait traversé son tube digestif sans subir la moindre modification. C’est très impressionnant ! Très inquiétant aussi.

         «  Il a une maladie, me dis-je stupidement. Genre typhus ou choléra. Et ça peut être dangereux pour mon bébé... »

         Me reviennent en mémoire d’horribles histoires de microbes et de vers solitaires racontées par ma mère pour justifier son refus d’avoir un animal. Et je commence à flipper grave. Je suis une inconsciente, une criminelle d’exposer mon fils à de pareils dangers !

         Ni une ni deux, je fous le chaton dehors, débrouille-toi pépère, moi, je m’en lave les mains...

         Je n’ai jamais su ce qu’il était devenu.

 

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commentaires

G
Foutre ! Excuse-moi pour ce pataquès, frère des ténèbres ! Je te connais pourtant bien, depuis que ton Requiem m'a révélé les dessous de ton âme d'ombre...
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J
Ta question me surprend et me déçoit quelque peu, car elle prouve que tu doutes de moi. Je te donne quand même bien généreusement (?) la réponse.<br /> Aucune entité venue des tréfonds du néant ne me souffle quoi que ce soit... puisque je suis l'une d'elles ! ! !
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G
Tes jeux de mots me donnent le frisson. Ils ne sont pas humains, Jean-Michel. Quelle entité effroyable, venue des tréfonds du néant, te les a soufflés ?<br /> Sinon, je suis bien contente que tu retrouves ton âme d'enfant à la lecture de mes livres. Quoique... J'acques Chambon, si je n'"avais pas donné "J'irai dormir au fond du puits" à Grasset, me<br /> l'aurait pris pour Présence du fantastique. Comme quoi, cet âme d'enfant, on la garde tous !
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J
Moi, comme d'hab, il me vient une question aussi sotte que grenue : la souris verte de la chanson a-t-elle croisé ce petit chaton qui faisait de l'huile - et que la légende, depuis lors, a<br /> immortalisé sous le nom du "Chaton à Rachid" ?<br /> Je sais, c'est très très mauvais, mais le froid extérieur est tellement mordant que les neurones en trémulent... "Madame, il fait grand vent, et j'ai tué six loups", disait-on dans "Ruy Blas", si<br /> ma mémoire n'est pas aveugle.<br /> A part ça, j'suis donc ben content car ce midi, à l'espace culture Leclerc du coin, là où j'avais trouvé il y a quelques mois "J'irai dormir au fond du puits", j'ai acheté "La Maison Cannibale".<br /> C'est que du bonheur !
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G
@ Castor : ben ouais, au départ, c'est juste du bon sens, mais t'as vu ce qu'on en fait ? L'Inquisition, la Shoah, les camps de travail, les lapidations, les dictatures théocratiques, la<br /> condamnation du préservatif... Je crois que peu de choses ont autant pourri l'existence humaine que les religions. Quoique le capitalisme n'est pas mal non plus, dans son genre. Encore une<br /> religion...
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