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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 07:55

 Des petits cris dans la nuit

   Nouvel-an 1978. En ce temps-là, nous vivions, Alex et moi, dans un pavillon de banlieue avec nos trois enfants dont la plus jeune, Mélanie, avait tout juste un an. Michel P., un copain dessinateur, était venu passer le réveillon avec nous, en compagnie d'une  créature de rêve qu'il avait levée pour l'occasion. Vers trois heures du matin, on se couche, un peu pétés, nous à l’étage, dans notre chambre jouxtant celle du bébé, et Michel avec sa belle au rez-de-chaussée, sur le clic-clac du salon.

         Je m'endors. Soudain, après un temps impossible à évaluer, des petits cris me réveillent. Je pense : « C'est Mélanie ! » et, dans un demi-sommeil, je me lève comme un zombie pour aller voir ce qui se passe. Dans le noir, je précise. Arrivée devant la porte de sa chambre, je me rends compte que le bruit ne vient pas de là mais d'en bas. Un raisonnement immédiat se déroule dans mon cerveau embrumé : nous sommes sûrement le matin, et mes fils, qui ont repectivement onze et quatorze ans, ont dû venir chercher leur petite sœur pour qu'elle me laisse dormir. Ils sont dans la cuisine avec elle, en train de lui préparer un biberon, les braves cœurs !

         Tout attendrie, je me rue dans l'escalier en criant à pleine voix :

         — Attendez-moi, j'arriiiiive ! 

         Au même moment, réveillée, en quelque sorte, par ma propre voix, je réalise que, premièrement, il fait encore nuit, deuxièmement, il n'y a personne dans la cuisine, et troisièmement, les petits cris qui proviennent du salon ne sont ab-so-lu-ment pas ceux d'un bébé.

         Un grand froid m'envahit, d'autant que le bruit s'est arrêté net. Après un instant de panique horrible, je regagne quatre à quatre le lit conjugal, non sans avoir constaté, au passage, que Mélanie dormait paisiblement dans son berceau.

         Il n'a été question de rien, le lendemain matin. Michel et sa compagne ont fait montre d'une remarquable discrétion quant à ma performance nocturne et aux possibles espoirs qu'elle avait pu faire naître chez eux. A moins que, trop occupés, ils n'aient rien entendu et que l'arrêt des cris ne soit qu'une simple coïncidence... 

         Je l'ignorerai toujours. Mais je peux bien avouer que devant mon crème-croissants, je n'étais pas fière, le premier janvier !


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commentaires

G
Aaaaah ! Que cette tartine-là me fait plaisir !
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S
"Attendez-moi, j'arriiiiiiiiiive!", hahaha, Génial!<br /> J'en est craché de rire ma tartine sur l'écran.
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M
HAHAHAHAHAA ! Aïe...
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G
Franchement, j'en sais rien. Plus de trente ans après, la question reste posée. Elle me suivra peut-être dans la tombe...
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B
Haha pour le coup ils ont dû avoir beaucoup plus honte que toi s'ils t'ont entendu !
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