Berthe aux longs pieds
Qui m’a affublée de ce surnom stupide et immérité (je chausse du 37) ? Mes frères ? Mes grands cousins ? Un adulte facétieux ? Je ne le saurai jamais. Toujours est-il que, durant ma pré-adolescence, quelqu’un me baptisa ainsi, et le sobriquet fut repris par tout mon entourage. Or, dans les années 50-60, le petit pied était un critère de beauté féminine, au même titre que la taille fine, le long cou gracile et le sein haut placé. L’engouement pour Brigitte Bardot n’avait pas encore détrôné Cendrillon...
Bref, ma prétendue pointure était un sujet de rigolade récurrent, ce qui me vexait horriblement. Mais à quoi bon lutter ? Face à mes tourmenteurs, je ne faisais pas le poids... C’est ici que se vérirife le fameux adage : « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ». J’avais treize ans quand Jacques, mon frère aîné, ayant terminé ses études, partit pour le Moyen-Orient. Il y rencontra une Libanaise qu’il épousa, puis ramena chez nous. Elle apportait dans ses bagages, des cadeaux « typiques » pour tout le monde.
J’eus droit à une ravissante paire de babouches brodées... taille 41.