Gudule, écrivaine pour la jeunesse, surtout, et pour les adultes aussi un peu.
MAUVAIS SCÉNAR (BIS)
— Comprends de moins en moins, moi, ronchonne mémé Georgette.
— Qu’est-ce qui se passe, mémé ?
— Voilà ce que je lis ce matin sur le Net, à propos d’une perquisition au siège de l’UMP, dans le cadre de l’affaire Wœrth-de Maistre : « Les enquêteurs agissaient dans le cadre d'une des enquêtes préliminaires menées par le procureur de Nanterre Philippe Courroye. Selon Paris Match, ils étaient à la recherche d'une éventuelle trace de réception de la fameuse lettre datée du 12 mars 2007, adressée par Eric Woerth à Nicolas Sarkozy. C'est dans ce courrier que le trésorier de l’UMP demandait l'attribution de la Légion d'honneur à Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt. Courrier dont il a fini par reconnaître l’existence la semaine dernière. »
— Oui, et alors ?
— Ben, cette lettre, les enquêteurs l’ont retrouvée, n’est-ce pas ?
— Il semblerait.
— Dans les bureaux du ministère de l’intérieur, apparemment.
— C’est ce que dit la presse, en tout cas.
— Alors, quel besoin ont-ils d’avoir une « trace de réception » ? Et pourquoi au siège de l’UMP ? N’a-t-elle pas été envoyée à Nicolas Sarkozy, place Beauveau ? Qu’est-ce que le siège de l’UMP a à voir là-dedans, et comment pourrait-on y trouver une « trace de réception » ? Dans le journal intime de la standardiste, peut-être ?
— Euh...
— Non, plus j’y réfléchis, plus je me dis que tout ça ne tient pas debout. Ou la brigade financière cherche autre chose de plus compromettant et cette « trace » n’est qu’un prétexte pour noyer le poisson, ou la perquisition est complètement bidon, et ne sert qu’à endormir le public en lui disant : « Voyez comme on est consciencieux : on fouille même dans les petits papiers de l’UMP ! »
— Il y a une troisième solution.
— Laquelle ?
— Que le scénariste soit encore plus mauvais que prévu, et raconte vraiment n’importe quoi.
— Autant pour moi, chérie. Tu as sûrement raison !