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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 22:26

 

 

                                            LES CAPRICES DE MARIANNE

 

         —Dire qu’ils paient leur obstination avec nos impôts, ces tas de glands ! explose mémé Georgette.

         — De quoi tu parles, mémé ?

         — De l’affaire Guilherme Auka-Hazanga.

         — Le sans-papiers qui s’est tartiné de merde pour pas être expulsé ?

         — Lui-même. Un Angolais marié à une Française, père de quatre enfants, et vivant à Lyon depuis huit ans. Les autorités (brrr, le vilain mot !) font preuve, à son encontre, d’un acharnement proprement scandaleux.

         — Pourquoi ?

         — Mystère. Un caprice de l’administration, je suppose. Ou des représailles. Refuser d’abandonner sa famille lorsque la préfecture du Rhône veut vous y contraindre est un crime de lèse-majesté... Arrestation musclée, passage à tabac, tribunaux, prison, camp de rétention, le pauvre Guilherme a eu droit à tout. Mais il a tenu bon : sa femme est malade, ses mômes ont besoin de lui, sa vie est ici. Du coup, les parents d’élèves de l’école Gilbert-Dru, où sont scolarisés les gosses, puis le RESF (Réseau éducation sans frontières), et enfin quelques milliers de citoyens dont plusieurs élus, se sont mobilisés pour empêcher son explusion. Et c’est là que l’histoire devient rocambolesque.

         — Ah ?

         — Le préfet, refusant tout compromis en dépit de l’avalanche de courriers, e-mails, fax et pétitions en sa faveur, veut le virer coûte que coûte (!). Il brouille les pistes pour se débarrasser du comité de défense. Bâillonné et ligoté de la tête aux pieds, le malheureux Guilherme est conduit jusqu’à Bron où on l’embarque dans un avion privé, escorté d’un hélicoptère. Cet avion l’emmène au Bourget où l’attendent six voitures de polices et une trentaine de CRS. Un déploiement de forces digne d’un parrain de la mafia ou d’un grand criminel de guerre !

         — Bonjour la note !

         —Tu m’étonnes ! Un gouffre à fric, leur petite plaisanterie ! Et ce n’est pas tout : au Bourget, on le trimbale tout saucissonné jusqu’au vol Air France pour Luanda où le commandant de bord refuse de l’embarquer. Il ne veut pas d’un passager sous la contrainte. Les flics, bien emmerdés, se retrouvent comme des cons avec le « paquet » sur les bras...

         — Et comment ça se termine ?

         — Bien, pour une fois. Du moins, provisoirement. Devant l’impossiblité matérielle de l’expulser, le préfet le libère, tout en précisant qu’il reste en situation irrégulière, et donc à la merci d’une nouvelle arrestation... Voilà, ma chère petite, comment on traite les gens, au pays des droits de l’homme !

         — Y a pas de quoi être fier !

         — Je ne te le fais pas dire ! 

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commentaires

G
<br /> Le prix du sang, en quelque sorte... Quand on parle d'argent sale !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Eh oui, un préfet c'est d'autant plus zélé que ça palpe jusqu'à 66.000 euros par an de prime au "mérite".<br /> <br /> <br />
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G
<br /> C'est noté ! Je vais essayer de le trouver, ne serait-ce que pour la petite phrase que tu cites en fin de message.<br /> Sinon, j'ai vu récemment un film magnifique : "Departure", de Yojiro Takita, oscar du meilleur film étranger 2009. D'une beauté à vous couper le souffle !<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Pour me cultiver un peu et connaitre tes sources d'inspirations j'ai donc commandé le livre de Michel de Ghelderode (Sortilèges et autres contes crépusculaires).<br /> <br /> Sinon j'ai vu que tu t'intéressais beaucoup au cinéma espagnol et belge, je ne sais pas si cela est toujours d'actualité mais je te conseille fortement de regarder "Oldboy" de Park Chan-wook, film<br /> coréen qui a eu le Grand prix de la sélection officielle lors du festival de Cannes 2004.<br /> <br /> « Ris, tout le monde rira avec toi. Pleure, tu seras le seul à pleurer » (phrase tirée de ce même film).<br /> <br /> <br />
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