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14 août 2012 2 14 /08 /août /2012 06:33

Rue de la peur (le retour)

  Eh oui : tel le Phénix de la légende, Brigand est rené de ses cendres. Hier soir, Phiphi et moi remontions tranquillement la rue du Chien qui pisse quand il surgit de l’ombre. Aussi effrayant que jadis, et même nettement plus, du fait de sa mutilation. Après quelques semaines de convalescence, à stagner telle une flaque sur le seuil de sa maison, il avait repris du poil de la bête. Et attendait son heure. 

Cette heure était venue.

Phiphi allait payer pour toutes les brimades que, sûr de l’impunité, il lui faisait subir. Car non content de boire dans sa gamelle et de lui piquer ses os, il avait commis ce sacrilège ultime : marquer son territoire jusque sur sa personne...

Ça méritait la mort !

Avec un aboiement sauvage, la brute estropiée se rua sur mon chien qui détala sans demander son reste. Et en dépit de mes exhorations : « Arrête, Brigand ! Arrête ! », il s’élança à sa poursuite.

C’est qu’il était rapide, malgré sa patte manquante ! J’ai encore dans l’oreille les glapissements d’effroi du pauvre Philémon, fuyant éperdument devant ce tueur de cauchemar. Je sens que le promenades vont encore être folklos, dans les jours à venir !

 

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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 04:53

Episode 48

  Résumé des chapitres précédents : Ça y est, Zoé est entrée en résistance. Vêtue de la combinaison de plongée de Ruth Prout, elle vogue vers la haute mer. Que peut-elle bien tramer ?

 

         Grâce à la boussole, Zoé n’eut aucun mal à situer le Dark Vomi, pétrolier vétuste dont Green Peace réclamait le retrait depuis des lustres, et qui mouillait au large des côtes normandes. Bien que la nuit fut tombée, la pleine lune éclairait suffisamment la scène pour lui permettre de mener son projet à bien.

         Armée de son équipement, elle nagea jusqu’au flanc du navire pour y fixer sa charge d’explosifs, puis s’éloigna dare-dare.

         L’explosion déchira la nuit, projetant tous azimuts des gerbes d’écume dont les remous faillirent engloutir le canot. Tandis qu’elle regagnait le rivage, Zoé pu voir jaillir, des soutes crevées du Dark Vomi, un sang noir et huileux qui couvrit la mer d’une nappe obscure...

         Ce fut une catastrophe écologique sans précédent. Plage polluée sur des centaines de kilomètres, faune et flore détruites, émanations nauséabondes... Le climat lui-même s’en trouva perturbé : d’épais nuages chargés de gaz toxiques empestèrent l’atmosphère, la rendant irrespirable. Les mouettes qui échappèrent à l’engluement de mazout périrent par asphyxie, et leurs cadavres jonchèrent le littoral en deuil. Des cas d’allergies galopantes se déclarèrent, il fallut d’urgence évacuer les populations.

         Face à cette catastrophe nationale, Zoé se frottait les mains. Car, quelle que soit l’importance du désatre, c’était du pipi de chat à côté de celui qu’elle venait d’éviter.

         Assurément, les sirènes de l’espace étaient mortes, avec le fruit de leurs amour coupables.

         Peut-être même qu’Aladdin y était passé, lui aussi.

         Et pourquoi pas Aurore et son saint Joseph mou ?

         Ainsi raisonnait notre héroïne, le lendemain matin, en se rendant toute guillerette à l’hôpital, pour annoncer la bonne nouvelle à Ruth. Mais une surprise l’y attendait...  

                                                                                                                                 (A suivre)

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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 07:34

Echos du village 

  Minuit... Insomnie. Je me lève, enfile ma salopette et vais me promener. J’adore les rues du village endormi. Pas un bruit, pas un souffle, juste la lune sur les vieilles pierres, une brise légère, et quelques chauves-souris qui tournoient dans l’ombre.

Soudain, en passant devant chez Thérèse, dame  respectable d’une soixantaine d’années, notoirement célibataire :

— Non, ça suffit comme ça ! entends-je, sortant par la fenêtre ouverte. Tu es un vrai obsédé, ma parole ! Fiche-moi la paix, laisse-moi dormir !

Je tends l’oreille dans l’espoir d’identifier l’obsédé en question — curiosité oblige ! — mais il se tait piteusement. Il doit bouder, je suppose.

Le lendemain, croisant Thérèse à l’épicerie, je lui glisse, mine de rien :

 — Tu as reçu de la visite, hier ?

 Elle secoue négativement la tête. Je n’insiste pas. La vie privée, hein, c’est sacré...

 Comme nous sommes voisine, on fait le chemin du retour ensemble.

 — Cet après-midi, j’emmène mon chat chez le véto, dit-elle, tout en marchant.

 — Il est malade ?         

 — Non, je vais le faire castrer. Depuis qu’il est en rut, je ne peux plus fermer l’œil. Toute la nuit, il demande à sortir, c’est insupportable !

Ah, d’accord...      

 

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11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 07:19

Episode 47

        Résumé des chapitres précédents : Ce satané Aladdin qui engrosse les sirènes deviendra-t-il maître du monde ? Ça nous f’rait mal, quand même !

        

         Force fut à Zoé de se rendre à l’évidence : discuter ne servait rien. il fallait agir, et vite ! Faussant compagnie au couple maudit, elle plongea dans la mer et regagna, à la nage, son canot qui dérivait non loin.

         — Je ne vois qu’une solution : alerter les Autorités au plus haut niveau, se dit-elle.

         Par chance, elle avait, parmi ses patients, le chef de cabinet d’un ministre. Sitôt sur la terre ferme, elle lui téléphona, et, vu la nature de leurs relations, obtint un rendez-vous dans la journée. Hélas, son histoire de sirènes extraterrestres engrossées par un enfant de deux ans se heurta à un scepticisme obstiné. Et elle eut beau user de toute sa diplomatie manuelle — euh... naturelle, pardon — pour convaincre son interlocuteur, rien n’y fit. Ayant terminé sa petite affaire, il la mit dehors avec bienveillance, en lui recommandant quelques jours de repos.

         Cet échec ne découragea pas notre héroïne.

         — Puisque je ne puis lutter par des moyens légaux, je combattrai dans l’ombre, décida-t-elle.

         Depuis des heures qu’elle y réfléchissait, un plan avait mûri dans son cerveau.

         Un plan audacieux.

         Illicite.

         Terrible.

         Le genre de plan qui met votre existence en danger — ou, dans le meilleur des cas, peut vous mener en prison jusqu’à la fin de vos jours. Style kamikaze, voyez ?

         Ce plan exigeait quelques informations que Zoé se procura chez l’un de ses patients, membre de Green Peace, ainsi qu’une boussole qu’elle trouva chez un patient marin, quelques outils qu’elle emprunta à un patient plombier, et une bombinette artisanale dont un patient chimiste lui donna la recette. Puis elle retourna en hâte à Slip-les-Bains.

         Une heure plus tard, vêtue de l’équipement encore sanglant de Ruth Prout — qui était resté dans le canot —, elle gagnait en hâte le grand large...

                                                                                                                                     (A suivre)

 

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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 06:21

 

Paul, John, George, Ringo et Spip

 

       Le tout premier cadeau que me fit Alex fut un oiseau. Un de ces petits passereaux sauvage que les enfants de la montagne vendaient quelques piastres dans les rues de Beyrouth, attachés à une branche par un fil à la patte.

         Perso, je l’aurais bien relâché immédiatement, mais ça risquait de vexer mon amoureux tout neuf. De plus, Frédéric, âgé d’un an à peine, en raffolait. À mon corps défendant, je le mis donc en cage et le prénommai Spip.

         L’hiver suivant, Alex vint s’installer chez nous. Avec, pour tout bagage, sa basse, son stylo, et ses disques des Beatles.

         Spip étant, à l’évidence, malheureux derrière ses barreaux, nous décidâmes, d’un commun accord, de le libérer. Il voleta dans la pièce, au grand émerveillement de mon fils, et alla se percher sur la tringle à rideau. Mais nous eûmes beau lui ouvrir la fenêtre avec des « pshhht, pshhht » encourageants, il refusa de sortir. Forcément : c’était la saison des pluies, et le petit oiseau n’avait aucune envie de se mouiller les plumes...

         On le laissa donc en liberté dans l’appartement. Peu farouche, il se posait sur nos épaules, sur le dossier de nos chaises  ou sur la table quand nous mangions. Il buvait dans nos verres, picorait autour de nos assiettes ; une véritable attraction ! Mais il y avait un hic...

         Spip aimait les Beatles.

         Il les adorait, même.

         Eux, exclusivement. Ni Brassens, ni Brel, ni Ferré, qui pourtant passaient en boucle sur le Teppaz.

         Dès qu’il entendait la voix de Paul, John, George ou Ringo, il rappliquait avec un « kwîîîk » joyeux. Et s’installait sur le haut-parleur où il restait sans bouger jusqu’à l’accord final.

         Ça nous faisait beaucoup rire.

         Puis, sortit « Rubber soul ». Alex se rua dans l’unique magasin d’importations anglaises où il l’acheta la peau des fesses. Nous l’écoutions religieusement quand Spip — sous l’effet de l’enthousiasme, sans doute — rappliqua à tire d’ailes et, sacrilège suprême, atterrit directement sur le disque. Tous nos efforts pour l’en déloger furent vains. Nos cris et nos grands gestes le chassaient un instant, mais il y retournait aussitôt. Force nous fut donc d’arrêter le magnéto. Et de récupérer « Rubber soul », couvert de fiente...

         En pestant, Alex lava son précieux disque (ainsi que l’aiguille, salement engluée), puis tenta de le réécouter. Le même cirque se reproduisit. Deux fois. Trois fois. Cela ne pouvait pas durer, il fallait choisir : les Beatles ou l’oiseau mélomane.

         Par chance, le beau temps était revenu. Cette fois, Spip ne renâcla pas à prendre son envol. Les quatre de Liverpool ne faisaient pas le poids devant un grand ciel bleu !

 

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9 août 2012 4 09 /08 /août /2012 07:07

Episode 46

  Résumé des chapitres précédents : Ainsi, c’était ça, le plan d’Aurore et de ses sbires : faire envahir la terre par les descendants de l’Élu ! Descendants qu’Aladdin Audoigtdefée (puisqu’il faut l’appeler par son nom) est en train de fabriquer au fond de la Mer du Nord, avec l’aide des sirènes extraterrestes.

 

         La terrifiante révélation laissa Zoé sans voix.         

         — Ah ah ah, ça te la coupe, hein ! triompha vulgairement Aurore.

         —Voyons, ma perle..., minauda le Mollah Mou.

         — Et qu’est-ce qu’il vient faire dans l’histoire, çui-là ? s’enquit Zoé.

         Aurore eut un sourire très tendre.

         — Chaque Vierge Marie a son saint Joseph, non ?

         — Oui mais bon, la burka ?

         — C’était juste pour lui faire plaisir.

         — Et la secte ?

         — Du folklore.

         — Tu nous a bien eus, avec ton cinoche !

         — J’ai fait de mon mieux.

         — La seule chose qui compte, intervint le Mollah Mou d’un air pénétré, c’est ce qui est en train de se perpétrer là-dessous...

         De l’index, il montrait l’étendue marine.

         — ... et qui va revivifier cette planète moribonde.

         — En gros, vous n’êtres guidés que par un souci d’écologie ? grinça Zoé.

         — On peut dire ça comme ça, oui, acquiesça Aurore.

         — Tu te fous de ma gueule ?

         — Tsss, tsss, désapprouva le Mollah Mou. Surveillez votre langage, madame, je vous prie. Vous êtes en présence de la Mère du Sauveur !

         — Oh, toi, la ferme ! Aurore, il faut arrêter cette folie, tu entends ? L’arrêter tout de suite ! Ressaisis-toi, ma grande : la Terre est en danger. Cette Terre qui t’a vu naître et qui t’a nourrie en son sein... 

         — Trop tard, les jeux sont faits, émit Aurore, frémissant d’une exaltation suspecte. Bientôt, mon Aladdin sera maître du monde !

                                                                                                                                      (A suivre)


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8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 07:05

Intuition

  L’un de mes premier romans s’intitulait « A la folie ». Il eut une curieuse destinée que j’ai racontée dans l’avant-propos de mon recueil « Les filles mortes se ramassent au scalpel », paru aux éditions Bragelonne. L’histoire était tragique, et, dans le chapitre où mon héroïne nageait en plein drame, j’avait écrit : « Elle s’affairait, rangeait, briquait, dépoussiérait avec une sorte de  frénésie têtue ; gestes éternels des femmes face au désespoir, à la maladie, à la mort... » L’éditeur de chez Gallimard, où mon livre devait sortir, biffa ce passage, l’estimant pompeux, désuet et antiféministe.

         Je le retirai donc.

         À regret.

         Et à tort.

         Trente ans plus tard, ayant moi-même vécu de douloureux événements, j’ai souvent repensé à cette phrase. Et je l’affirme haut et fort : elle n’était ni pompeuse, ni désuète, ni antiféministe, mais tout bêtement prémonitoire. 

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7 août 2012 2 07 /08 /août /2012 06:50

Épisode 45

   Résumé des chapitres précédents : qui est donc cet étrange homme-grenouille qui copule avec les sirènes ?

 

         Nous retrouvons Zoé en pleine mer, escortée par une nuée de mouettes criardes.

         — Faut que je mette ces tordus hors d'état de nuire ! marmonnait-elle, tout en poussant le moteur à fond.

         Une chance, les « tordus » en question se trouvaient toujours au même endroit. Comme ils scrutaient obstinément la surface de l’eau — pour guetter le retour de leur homme-grenouille, supposa Zoé — notre héroïne put sans encombre contourner le yacht et monter à bord sans être aperçue. (Comme dans l’épisode 42, oui, exactement. Il n’y a aucune raison pour que je n’exploite pas deux fois la même idée, si cette idée est bonne. NDLA).

         — Attention, le premier qui moufte, je le transforme en légume ! annonça-t-elle, en surgissant du pont arrière.

         Elle s’était munie d’un fusil à seringue, utilisé contre les forcenés, qu’elle avait dérobé dans le service psychiatrique de l’hôpital.

         — Oh, non, pas elle, geignit Aurore d’une voix lasse.

         — Qu’est-ce que vous voulez encore ? soupira le Mollah Mou.

         — Juste savoir ce que vous manigancez. Votre copain, là, il leur fait quoi, aux sirènes ?

         Aurore leva les yeux au ciel.

         — Devine !

         — Ce n’est pas « notre copain », c'est l’Élu, rectifia le Mollah.

         — L’Élu ? Mais il n’a pas deux ans !

         — Voilà bien une réflexion d’humaine, remarqua aigrement Aurore.

         — Sachez, jeune-fille, reprit le Mollah à l’intention de Zoé, que sur le plan du développement, les extraterrestres sont très en avance sur nous. Un mois de leur vie équivaut environ à un an de la nôtre.

         — Aladdin est donc dans la force de l’âge, enchaîna Aurore. Il peut remplir son rôle de Grand Inséminateur.

         — Les enfants ainsi obtenus, ayant un quart de sang humain, un quart de sang poisson et deux quarts de sang extraterrestre, seront donc parfaitement amphibies. Dès lors, une fois sevrés, ils pourront quitter l’élément liquide pour conquérir la terre...

                                                                                                                                      (A suivre)

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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 06:55

Le goût des autres

         Joumana, la cousine d’Alex, avait quelques années de moins que nous. C’était une belle Orientale aux cheveux sombres, aux yeux profonds et au profil de prêtresse antique. Comme elle devait passer quelques semaines à Paris pour son travail (ou ses études, je ne me souviens plus exactement), nous lui proposons de l’héberger. Notre F3 à Aubervilliers est assez vaste pour cinq, et les gamins l’adorent...

         Tout se passe pour le mieux, hormis une  chose, une seule : Joumana a la mauvaise habitude de boire à la bouteille. Les verres, c’est pas son truc. Que ce soit de l’eau, du lait ou du soda, elle tête le goulot sans se poser de question.

         Or, des questions, nous, on s’en pose. Et en particulier : comment expliquer à nos enfants que nous acceptons d’elle ce qu’on leur interdit, à eux ? Alex, un peu gêné, le dit à sa cousine, qui s’excuse... mais recommence aussi sec. Une deuxième remarque n’a pas plus de succès.

         — Désolée, se justifie-t-elle, je fais ça machinalement. Je ne m’en rends même pas compte !

         Sur ces entrefaites, ayant récupéré un petit guéridon ancien aux Emmaüs, je le décape et le teins au brou de noix —  que j’achète en poudre chez le droguiste du coin, dilue à l’eau, et conserve dans une vieille bouteille de Coca... Vous devinez la suite ? Le soir, en rentrant du travail, Joumana avise la bouteille, la chope au passage et, ni une ni deux, s’en envoie une bonne lampée.

         Avez-vous déjà goûté du brou de noix ? C’est sans aucun danger, mais d’une amertume positivement atroce.

         Nous avons beaucoup ri, Alex, les gosses et moi. Joumana, pas trop.

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5 août 2012 7 05 /08 /août /2012 06:35

  Épisode 44

  Résumé des chapitres précédents : Le sperme du Petit Prince a fécondé les poissonnes de la Mer de Nord, et créé des milliers de sirènes extraterrestres. C’est pas beau, ça ?

 

         Assommée par ce qu’elle venait d’apprendre, Zoé demeurait silencieuse, quand une exclamation la tira de sa léthargie.

         — Oh ! Regardez !

         Du doigt, Aurore désignait Ruth Prout qui venait d’émerger des vagues, et tentait en vain de grimper dans le canot. Elle semblait épuisée ; son corps n’était qu’une plaie. Autour d’elle, la mer était rouge...

         Cette vision rendit ses esprits à Zoé. Ni une ni deux, elle sauta par-dessus bord pour porter secours à sa partenaire. En quelques brasses, elle la rejoignit, et la hissa dans l’embarcation au moment précis où la jeune femme s’évanouissait.

         L’instant d’après, ayant remis le moteur en marche, elle filait vers le rivage.

         Le SAMU, alerté d’urgence, vint prendre livraison de la nageuse sanglante (et toujours dans les vapes) pour l’emmener au plus proche hôpital, où on ne lui fit pas moins de deux cents treize points de suture. Quand elle s’éveilla, quelques heures plus tard, Zoé était à son chevet.

         — Peux-tu parler ? lui demanda-t-elle avec douceur.

         — Je crois, répondit la blessée d’une voix faible.

         — Que s’est-il passé exactement ?

         Ruth ferma les yeux, comme pour échapper à une vision d’horreur. Ses lèvres tremblaient quand elle articula :

         — L’homme grenouille... il... il...

         Ses yeux se révulsèrent. L’air sifflait en pénétrant dans ses poumons. Elle claquait spasmodiquement des dents. D’une pression sur l’épaule, Zoé l’incita à poursuivre.

         — Il... ?

         — Il baisait les sirènes. Et lorsque j’ai voulu l’en empêcher, elles se sont toutes jetées sur moi, et m’ont attaquée à coups d’ongles et de dents. De vrais piranhas !

         Ce dernier mot s’acheva dans un sanglot. A l’évidence, se remémorer ces tragiques événements la transissait d’effroi.

         — Repose-toi, dit Zoé en se relevant. Je sais ce qu’il me reste à faire...

                                                                                                                                   (A suivre)

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