Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 04:39

Épisode 39

   Résumé des chapitres précédents : Bon, retour à la case départ. Sire Concis, Aurore et Ruth se sont évanouis dans la nature, et Zoé se retrouve seule au turbin. À mon avis, va falloir embaucher. 

        

         Hormis les deux stagiaires fournies par pole-emploi, rien de marquant ne se passa dans les mois qui suivirent. Sauf, peut-être, ce titre apparu, un matin, à la une d’un grand quotidien : UNE SIRÈNE AURAIT ÉTÉ APERÇUE DANS LA MER DU NORD.

         «  Quel poisson d’avril idiot », pensa Zoé, en passant devant son kiosque habituel.

         En fait, ce n’en était pas un (d’ailleurs, nous étions les 24 juin NDLA), comme le confirmèrent, plus tard, l’ensemble de la presse, la radio, la télé et les consommateurs des Bons Amis. Des marins avaient bel et bien vu, flottant au gré des vagues, une créature sortie tout droit de l’Odyssée. L’un d’eux l’avait même photographiée avec son téléphone portable. Bien que de très mauvaise qualité, le cliché fut vendu à prix d’or aux journaux. On y discernait, floutée par les embruns, ce qui semblait, en effet, être une femme à queue de poisson... 

         Le phénomène, aussitôt, passionna l’opinion publique. Tous les médias s’en emparèrent. Il y eut des interviews de scientifiques, des débats, des conférences ; des affrontements verbaux ; des déclarations fracassantes, des dénégations hystériques. Les plages belges et normandes, boudées d’ordinaire par les vacanciers, furent envahies de curieux, ce qui enchanta les professionnels du tourisme. Et des images de sirènes, truquées pour la plupart, saturèrent la toile.

         La chose, à la longue, intrigua Zoé. De sorte qu’elle décida de se rendre sur place. Le temps était radieux, et un petit week-end vivifiant la tentait. Histoire de se requinquer après le boulot, voyez ?

                                                                                                                                (A suivre)

Partager cet article
Repost0
25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 07:07

Fruits de mer

  Un soir, notre copine Evelyne nous annonce :

         — Je viens de récolter une herbe délicieuse. Ça vous dit de la goûter ?

         Poliment, nous refusons : Sylvain est non fumeur, et j’ai, pour ma part, arrêté ces enfantillages depuis belle lurette.

         — Qu’à cela ne tienne, répond Evelyne, je vais préparer un space-flan dont vous me direz des nouvelles !

         Si c’est comme ça, ça va.

         Après le repas, nous grignotons tous trois le délicieux dessert. Manque de bol, Evelyne, fumeuse invétérée, l’a surdosé. Après quelques heures d’ingestion, on commence à se sentir mal, très mal. Mauvais trip, vomissements, crise d’angoisse...

         Devant notre état aussi extrême qu’imprévisible, Evelyne,  paniquée, appelle les pompiers.

         — On a mangé du flan aromatisé au cannabis, leur avoue-t-elle.

         Ni une ni deux, ils nous embarquent à l’hôpital — tout en se marrant, vu notre âge. Dans un demi-coma, j’entends même l’un d’eux lancer à son collègue :

         — Monsieur n’est plus tout jeune, mais tu verrais madame !

 

         Par la suite, nous avons prétendu à nos voisins avoir été empoisonnés par les fruits de mer de chez Leclerc, ce qui a dû faire baisser le chiffre d’affaire de ce bon Edouard. Mais l’honneur était sauf !


Partager cet article
Repost0
24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 06:30

          Épisode 38

  Hou là là, suite aux révélations de Ruth Prout, il va y avoir de l’eau dans le gaz, à mon avis. Parce que, bon, Sire Concis vient d’en prendre plein sa tronche !

 

         À ces mots, le dragon atterrit en catastrophe.

         — Barrez-vous, les filles, dit-il d’une voix blanche.

         — Mais..., protesta Zoé.

         — Barrez-vous, je vous dis ! Je ne veux plus jamais vous voir, ni l’une ni l’autre. 

         Les ayant débarquées en plein Quartier Latin, il s’envola à tire d’ailes.

         — Où vas-tu ? lui cria Zoé.

         — Cacher ma honte et ma douleur là où nul ne me retrouvera jamais !

         — Bravo, beau travail ! dit Zoé à Ruth. Tu peux être fière de toi !

         L’autre ne répondit pas. Tête basse, elle s’éloignait le long des rues obscures. Bientôt, l’ombre l’avala. 

         «  Bon, ben me voilà seule pour combattre les Forces des Ténèbres », pensa Zoé, en reprenant, la mort dans l’âme, le chemin de son domicile.

         Et seule également — elle s’en rendit compte le lendemain matin — pour assurer toute la production de la BNS. Car ni Aurore, ni Ruth ne se présentèrent au travail.

         Pas plus, d’ailleurs, que le Mollah Mou et les adeptes de sa secte. Après le scandale de la veille, ils se planquaient. Logique...                                                                                               (à suivre)

Partager cet article
Repost0
23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 07:00

Bas de laine

      Mon père n’aimait pas les banques. En bon épargnant d’avant-guerre, il gardait ses sous à portée de main, loin des spéculations de la haute finance. De sorte qu’à sa mort, j’héritai d’un somme rondelette en liquide. 

         Se posa alors la question : j’en fais quoi ? (en attendant de la dépenser, je veux dire). La déposer sur mon livret de caisse d’Epargne ? Non, je ne pouvais pas faire ça à papa. La conserver chez moi ? Était-ce bien prudent ? Les cambrioleurs connaissent toutes les combines. Ils vident les tiroirs, éventrent les matelas, soulèvent les lattes du plancher... À cette perspective, je frissonnais d’horreur.

  Bref, moi qui, n’ayant rien à voler, avais toujours vécu les portes ouvertes, je commençai à me barricader. Et, tel le savetier de la fable, je découvris les affres de la parano. L’inquiétude me réveilla la nuit ; je n’osai plus m’absenter, convaincue que des hordes de malfrats, ayant reniflé l’odeur du pognon, rôdaient autour de mon appartement, la bave aux lèvres...

C’était positivement infernal.

Par bonheur, tout problème a sa solution. Celle-ci m’apparut un matin, lumineuse. J’avais une vidéothèque remplie à craquer. Or, où est-on mieux planqué que dans la foule ?

Ni une ni deux, je sortis cinq boitiers au hasard et en virai le contenu que je remplacai par des billets de banque. Puis, sûre d’avoir trouvé LA cachette idéale, je me remis à vivre peinarde, comme avant. En prétant mes DVD à n’importe qui, entre autres...

Sylvain, mis au courant de mon idée géniale quelques semaines plus tard, ne la trouva pas géniale du tout. Sur ses conseils, je partis à la recherche des cinq boitiers-tirelires, disséminés un peu partout dans l’étagère, et n’en retrouvai que quatre. L’un d’eux — « L’Age de glace », pour être précis — avait disparu. Où ? Quand ? Comment ? Mystère.

J’ai tout retourné dix fois, vingt fois, en vain. Ça m’a pris la tête durant une bonne semaine, et puis bon, je me suis dit que la leçon valait bien un fromage. Et j’ai racheté un boitier vierge pour « L’Age de glace ». 

Partager cet article
Repost0
22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 06:38

Épisode 37

  Résumé des chapitres précédents : Coup de théâtre ! L’enfant d’Aurore est un extraterrestre. Il y a, à l’évidence, du Petit Prince là-dessous !

 

         Ruth ne dut son salut qu’à l’intervention musclée de Sire Concis, qui l’arracha de justesse à la fureur de la foule. Lors, nos trois amis, s’extirpant tant bien que mal de l’antre souterrain, s’envolèrent dans le ciel nocturne, poursuivis par les invectives des adeptes de l’Élu. 

         — Ouf, on l’a échappé belle, murmura Zoé, tandis qu’ils atteignaient les tours de Notre-Dame.

         Les gargouilles, comme animées par le rayon de lune, semblaient les suivre des yeux. Sire Concis les salua au passage.

         — Bonne nuit, les cousins !

         Entre-temps, Ruth avait recouvré ses esprits.

         — Ah, la salope ! Ah, la salope ! sanglotait-elle, en épongeant son nez ensanglanté.

         Zoé lui décocha un regard noir.

         —Tu ne pouvais pas tenir ta langue, non ? On était bien infiltrés dans la secte et tu as tout fait foirer !

         — C’est le fils de mon mari ! protesta la fermière.

         — Et alors ? Tu le savais qu’il était donneur !

         — Ça n’a rien à voir : il m’a trompée, avec elle.

         — Qu’est-ce que t’en sais ? Elle a peut-être été inséminée, comme n’importe qui.

         — Tu rigoles ? Pourquoi aurait-elle procréé artificiellement alors qu’elle avait l’outil sous la main ?

         C’était le bon sens même.  

         — Comme il a dû l’aimer, soupira Ruth, les larmes aux yeux. Il désirait tellement un fils...

         — Dis donc, si t’as des regrets, t’avais qu’à lui en faire un, toi, de lardon ! grinça Zoé.

         — J’ai essayé, tu penses. Hélas, je suis stérile. Sans quoi, ce serait moi, la mère de l’Élu ! Et je ne me taperais pas ce dragon à la noix !

                                                                                                                                (à suivre)

Partager cet article
Repost0
21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 17:21

IMG-copie-2.jpg

Devinez qui est le personnage au deuxième rang à droite... Eh oui, Jean Rollin ! En mai 68 ! 

Partager cet article
Repost0
21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 06:44

 

Belle de Nuits

  Allez, pour une fois, je vais vous raconter une Solitude qui ne me concerne pas directement, mais fait partie de nos anecdotes familiales.

         Mon lointain ancêtre, qui habitait Nuits-Saint-Geroges, avait trois filles surnommées « les belles de Nuits ». En tant que hobereau de province, il fréquentait les officiers de la garnison voisine, dont un certain Napoléon Buonaparte, caporal d’origine corse. La taille de ce dernier, ainsi que son accent à couper au couteau, faisaient de lui la tête de Turc de ses camarades — ce qui déplaisait à Ludovie, la plus jeune des trois sœurs. Elle le défendait donc bec et ongles, si bien que Napoléon la surnommait « mon bouclier charmant ». De là à demander sa main, il n’y avait qu’un pas — qu’il s’empressa de franchir.

          — Pas question ! répondit mon ancêtre, indigné. Jamais je ne donnerai ma fille à un petit caporal sans avenir.

IMG920.jpg

  La belle Ludovie, qui faillit devenir madame Buonaparte, en compagnie de son fils Louis, mon arrière-grand-père.       

Partager cet article
Repost0
20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 06:48

Episode 36

  Résumé des chapitres précédents : Le Mollah Mou vient d’annoncer aux adeptes de sa secte que « l’Élu » était parmi eux.

 

         Les voûtes de la rue souterraine tremblèrent sous l’ovation de la foule. D’un geste solennel, Aurore réclama le silence puis elle extirpa l’enfant de sous sa burka et le brandit devant elle. L’assistance assitôt tomba à genoux, face contre terre.

         Aladdin portait un turban à l’ancienne que sa mère, lentement déroula. Ce qui parut hypnotiser Ruth Prout.

         — Qu’est-ce qu’elle a ? souffla Zoé à Sire Concis, en lui désignant la fermière.

         — Ch’sais pas... Elle n’a pas l’air dans son assiette... Ça va, ma chérie ?

         La chérie ne répondit pas. Elle n’avait d’yeux que pour la bande de tissu qui, peu à peu, dévoilait le crâne de l'enfant.

         — Oh, nom d’un chien..., souffla-t-elle, quand l’opération se termina.

         Un « ooooh » extatique monta de la foule. La tête d'Aladdin était garnie d’antennes.

         — Salope ! hurla Ruth Prout, en direction d’Aurore.

         Elle joua des coude pour se ruer vers l’estrade.

         — Salope ! Tu t’es faite engrosser par mon mari !

         Vingts paires de bras l’agrippèrent comme elle se jetait sauvagement sur sa rivale. 

                                                                                                                                          (à suivre)

Partager cet article
Repost0
19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 06:30

Buvez, éliminez !

      Quand je suis arrivée au village, quelque chose a retenu mon attention : devant presque tous les parterres étaient posées, en rang d’oignons, des bouteilles d’eau. J’en demandai la raison, et l’on m’expliqua que ça éloignait les chiens, un peu à la manière des épouvantails à moineaux. Les reflets de la lumière dans l’eau leur otaient toute envie de lever la patte, ce qui sauvegardait les pétunias, giroflées et autres géraniums des agressions de l’urine canine.  

         — Mais ça gâche le paysage, objectai-je.

        — Certes, me répondit-on, mais c’est la tradition.

       Or, la tradition, Phiphi s’en bat l’œil. Il adore pisser sur les bouteilles en général, et sur celles-là en particulier. A chaque promenade, il fait donc une station devant chacune d’entre elles, qu’il couvre méthodiquement de dégoulinures jaunasses. Il n’a pas dû saisir toutes les subtilités du procédé, je pense. 

        Ou alors, c’est de la provo... 

 

Partager cet article
Repost0
18 juillet 2012 3 18 /07 /juillet /2012 07:16

Episode 35

  Résumé des chapitres précédents : Zoé vient de surprendre le secret d’Aurore : elle convoque ses patients à un mystérieux rendez-vous. Aurions-nous par hasard affaire à une secte ?

 

         «  Le 13 avril, c’est dans 15 jours, calcula Zoé. J’y serai... Pourvu que Ruth et Sire Concis soient rentrés d’ici là ! »

         Ils le furent — comme quoi, il y a un Bon Dieu pour les trayeuses. Ayant découvert, après quelques recherches sur Internet, que la rue Watt se trouvait dans le XIIIème arrondissement de Paris, Zoé les y emmena au jour et à l’heure dits. Afin de n’être pas reconnues, les deux femmes portaient des voiles qui leur cachaient le visage, et Sire Concis dissimulait le sien un masque d’Anonymous.

         Cette rue, couverte par les voies de chemin de fer, était une sorte de vaste tunnel. Aux deux extrémités étaient postés des gardes qui, avant de laisser entrer nos amis, leur dirent ces simples mots :

         — On ne voit bien qu’avec le cœur...

         — L’essentiel est invisible pour les yeux, répondit Zoé sans hésiter.

         — Mais..., murmura Ruth Prout, les yeux arrondis de surprise. C’était... c’était la phrase préférée de mon mari, et... 

         Sa voix se perdit dans le bouhaha de la foule qui se pressaient vers une estrade, garnie d’une table et de deux sièges.

         Et sur ces sièges, qui y avait-il ? Oui, toi, là-bas, au dernier rang.

         Aurore Audoigtdefée, très bien. Et qui encore ? Toi, le grand à lunettes.

         Le Mollah mou. Bravo, vous avez bien suivi.

         Quand dix coups sonnèrent au clocher voisin, il prit la parole.

         — Mes amis, laissez éclater votre joie, dit-il d’une voix caverneuse. L’Élu est parmi nous.

                                                                                                                              (à suivre)

 

Partager cet article
Repost0