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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 06:26

Chapitre 31

Résumé des chapitres précédents : Aux petites heures, le taxi dépose Nora, en larmes et pétée, rue du Chevaleret.

 

         Charlie descend quatre à quatre, la récupère. Nora se laisse emmener sans rien dire. De toute manière, impossible de parler : sa gorge est H.S. pour cause d'inondation.

         Il la prend dans ses bras, la fourre dans le hamac. La balance. Entre les branches des palmiers, elle voit le ciel tavelé d'étoiles et la lune, parfaitement circulaire, d'un bel orange mordoré. Il est bientôt quatre heures, l'horizon ne tardera pas à blanchir, derrière les Mercuriales.

         — Nora, appelle doucement Charlie.

         Le pont de Tolbiac, éclairé, c'est féerique.

         — Nora, tu dors ?

         En revanche, les palmiers choquent. Rue de Paris par une nuit tropicale.  Ri-di-cule. Quoique... Les Américains n'ont-ils pas reproduit Big Ben en Californie ? À moins que ce ne soit l'Atomium, ou la petite sirène de Copenhague. Tout est possible, de nos jours. Alors, bon, rue de Paris sous les Tropiques, c'est pas plus naze qu'autre chose. 

         Charlie lui caresse le visage.

         — Que s'est-il passé, ma puce ?

         Elle tourne la tête vers lui et, le plus distinctement possible, articule :

         — Boris m'a flanquée à la porte.

         Il bondit.

         — Tu te fous de moi ?

         Point du tout. C'est la vérité vraie. Il lui a dit, grosso-modo, tu nous fais chier, on est pas là pour rigoler, barre-toi avant que je me fâche et va te faire pendre ailleurs.

         — Grosso-modo, hein. Je me souviens plus des termes exacts.

         — Mais c'est impossible, voyons ! Tu as dû mal comprendre, nous faire une parano.

         — Croix de bois croix de fer. Alors je me suis cassée et j'ai échoué dans un troquet où j'ai bu des demis.

         — Avec ton traitement ? Bravo, on voit le résultat...

         — C'était ça ou me jeter sous le métro.

         — Arrête, tu me bousilles, là !

         —  Chacun son tour.

         Charlie se mord les lèvres. Inutile d'essayer de la raisonner dans cet état. Demain, il tirera cette affaire au clair, mais d'abord, le plus urgent. Laisse-toi faire, ma douce.

         Sous sa lèvre, elle s'apaise.

         Dehors point l'aurore. Déjà, le ciel s'ensanglante et les voies, braises, tisons, commencent à rougeoyer. Dans un fracas de ferraille, les premiers trains s'ébranlent.

         — Oui, souffle Nora, tendue vers l'avant.

         En elle aussi, le soleil se lève.

                                                                                                                                 (A suivre)

 

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commentaires

P
Une discrétion qui a trop duré même ! Me revoici, après une absence très nette du net... Hé oui, des fois, je me démotive, parce que trop fatiguée ou connexion trop pourrie !
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G
Une discrétion qui t'honore, Pata !
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P
Le jour se lève, en sanguine, sur la capitale endormie... Ben, je la laisse tranquillement dans les étreintes de son hamac et de son homme, la belle Nora... Là, au moins, elle est en sécurité :)
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G
@ La Zèbre : on a l'égo qu'on peut, hein !<br /> @ Castor : j'en reste sans voix !
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C
Chouette ! La Zèbre déboule dans une sabotée dantesque !<br /> LA ZEBRE, UN DESSIN ! LA ZEBRE, UN DESSIN ! LA ZEBRE, UN DESSIN !<br /> <br /> Sinon, ce ptit épisode est empreint d'une grande tendresse.<br /> Bon, pas d'ineptie aujourd'hui, alors, laissons-nous bercer.
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