Chapitre 39
Résumé des chapitres précédents : Le périple parisien s’est terminé par une engueulade avec Boris, et une remise en question assez perturbante pour Charlie et Nora. Heureusement, les voilà de retour dans leurs pénates.
Nora reprend possession des lieux, le poney, le chat, les tomates, maîtresse incontestée de ce royaume miniature, sans mystère et sans drame. Le temps de repriser les accrocs de sa petite âme, et hop ! c'est reparti.
Un matin, cependant :
— Tu viens avec moi à Auxerre ? demande Charlie.
Couchée dans l'herbe, en T-shirt grossièrement échancré et jean coupé sous l'aine, Nora s'empiffre de cerises. Dont elle crache les noyaux à la face du ciel, sa grande bouche dégoulinant de jus écarlate.
— Tu en veux ? propose-t-elle en tendant le panier.
Il fait non de la tête, répète sa question.
— D'accord.
Elle saute sur ses pieds, époussète des deux mains le fond du short improvisé, secoue sa tignasse en désordre. Enfile ses tennis qui traînent un peu plus loin.
— T'as l'air d'une négrillonne ! admire Charlie. Jamais vu un bronzage pareil, moi !
— C'est l'huile d'olive.
— Quelle huile d'olive ?
— Celle dont je me tartine au lieu de crème solaire. Une recette de ma frangine. En Orient, les moukères font toutes ça.
Il rit :
— Ce que c'est d'avoir une sœur shootée au Club Med !
Puis la renifle, méfiant.
— C'est ma foi vrai que tu sens la friture.
— Pas la friture, la salade fraîche, nuance. Et je t'emmerde.
Il lui lape le gras du bras, elle proteste :
— Veux-tu !
En riant, ils se poursuivent jusqu'à la Titine. Embarquent, chacun par sa portière. Démarrent.
(A suivre)