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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 07:14

Echec et mat

         Je n’ai jamais aimé les voyages. Hors de leur territoire, les bêtes se sentent en danger ; je ne fais pas exception à la règle. Mais bon, cette année-là —  87, si ma mémoire est bonne (ou 88 si elle ne l’est pas) — Sylvain m’entraîna en Equateur où il avait longuement vécu, ado. Un pélerinage, en quelque sorte. Une manière comme une autre de m’inclure dans son passé... Ça ne se refuse pas !

         Nous débarquons donc à Quito, direction le Gran Casino, un hôtel pour routards d’un beauté prodigieuse, presque entièrement à l’abandon — ce qui justifie son prix modique. Sylvain, qui parle couramment l’espagnol, se lie aussitôt avec un client de passage, dreads, pantalon afghan, tongs, sac à dos. Une chance : ils sont tous deux férus d’échec et un jeu traîne sur le bar.

         Tandis qu’ils « poussent le bois » en sirotant des Cuba Libre, je m’ennuie. Ce qui me vexe. Je n’ai pas fait douze heures d’avion pour rester plantée dans un patio, fût-il charmant. Si je partais en exploration ? J’ai remarqué, en venant, des escaliers qui montent au sommet de la ville, dominée par une gigantesque Vierge ailée. De là-haut, on doit avoir un point de vue fabuleux.

         — Je vais faire un tour, dis-je à Sylvain.

         Il lève distraitement la tête.

         — Ah ? Où ça ?

         — Voir la statue.

         — Je vous le déconseille, s’immisce son partenaire, dans un français plus qu’approximatif. Il y a beaucoup d’agressions.

         — Il a raison, approuve Sylvain, avant de replonger dans son jeu. Patiente cinq minutes, je finis la partie et on y va ensemble.

         Docilement, je me rassieds, commande une autre conso. Attends un quart d’heure, vingt minutes... La partie s’éternise. Au bout d’une demi-heure, je prends la mouche et me casse. Mais en sortant de l’hôtel, je me heurte à un couple qui vient en sens inverse.

         — On s’est fait dépouiller, expliquent-ils, hors d’eux. Des mecs nous on piqué nos sacs, notre argent, nos appareils photos, nos montres...

         — Et même ma boucle d’oreille, gémit la fille. Regardez : ils m’ont déchiré le lobe en l’arrachant !

         — Où est-ce arrivé ? s’enquiert Sylvain, tandis que l’hôtellier appelle la police.

         — Dans l’escalier qui mène à la statue. C’est un vrai coupe-gorge ! On a bien failli y laisser notre peau...

         Oh, punaise, je l’ai échappé belle !

381px-Virgen_de_Quito_02.jpg


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commentaires

G
Ouaip !
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O
The Curse of Overblog !
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G
Désolée pour le doublon, mais overblog avait effacé ma première réponse avant de la réintégrer, au moment où je postais la seconde. Du coup, j'ai l'air de radoter. Merci, overblog !
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G
Oui, oui, la Viege ailée et terrassant le dragon est bien le symbole de Quito. On la retrouve dans toute la peinture religieuse de l'Equateur, ainsi d'ailleurs que St Michel, qui est généralement<br /> coiffé d'un casque de conquistador.<br /> http://www.banrepcultural.org/blaavirtual/todaslasartes/ext/ext10.htm
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G
Oui, oui, la Vierge de Quito a bien ces deux caractéristiques particulières Elle est représentée un peu partout, sur les peintures religieuses (ainsi d'ailleurs que l'archange St Michel, ange<br /> guerrier qui porte, sur les peintures, le casque des conquistadors).
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