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23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 06:42

 

 

                                                          BRÈVES DE CANCER (SUITE)

 

— Avez-vous été à la selle ?

              Une femme adore qu’on lui pose de telles questions devant son amant !

              Histoire d’éluder, je fais « oui, oui » de la tête. Mais l’infirmière insiste :

               — Vous êtes sûre ? Parce que sinon, je vous donne un laxatif.

               J’élude à nouveau :

    — Ne vous inquiétez pas, tout va bien.

                 À l’évidence, elle ne me croit pas, et sort de la piaule, la moue dubitative, pour réapparaître cinq minutes  plus tard, brandissant un suppositoire à bout de doigts.

— Mettez-le quand même, ça stimulera votre intestin.

             Euh… on ne pourrait pas parler d’autre chose ?  Je sais pas, moi, littérature, cinéma, politique ? Ou même de la pluie et du beau temps ?

 

 

                                                     

 

 

 

                 J’ignore si, durant ses études, le personnel soignant subit une quelconque formation psychologique, mais à mon avis, non. Partant du principe que tout malade est un cas avant d’être une personne, on le traite comme tel, au risque de piétiner le peu d’honneur qui lui reste.  Je pense, entre autres, à ce kiné beau comme le jour, la trentaine, dents blanches, sourire charmeur, se pointant dans la salle de bains alors que je suis en petite tenue pour me proposer « une promenade dans les couloirs » (sans ajouter « mamie » mais en le pensant si fort que je l’entends clairement). 

                Là, bon, normal,  je craque :

                — Non mais, ho, allez la faire tout seul, votre promenade ! Vous voyez  bien que j’ai pas de culotte !

                Tandis qu’il remballe son sourire et s’éclipse, je peste, à l’intention de Castor :

   — Il me prend pour une grabataire, ce connard, ou quoi ?

                 Un « Tu es belle, je t’aime » hilare me rend illico ma dignité en débandade.

    Voilà ce que j’appelle de la psychologie !

 

 

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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 07:58

 

 

                                                            BRÈVES DE CANCER

 

         Petit intermède. Allez, juste pour le fun, quelques « grands moments de solitude » hospitaliers qui valent leur pesant d’or.

 

         Une nuit, une infirmière surgit à l’improviste dans notre chambre (et sans frapper, bien sûr).

         «  Ohoo, madame est en galante compagnie ! »  lance-t-elle, à sa collègue, tandis que, très gênés, nous ramenons en hâte les draps sur nous.

         Pas très stimulant  pour la libido, ce genre de visite-surprise !

 

                                  

 

                                                                                 

 

 

 

         Une autre nuit, nous sommes réveillés par ce que nous prenons, d’abord, pour des sanglots, avant de réaliser qu’il s’agit de cris de plaisir.

       ­ — Eh bien, y en a qui s’embêtent pas, s’esclaffe Castor.

         Perso, ça me ravit. Ce genre d’hymne à la vie, dans un lieu de souffrance et de mort,  c’est vachement rafraîchissant, je trouve.  Sauf  que l’instant d’après, des «  bom, bom » furieux contre la paroi nous  rappellent à l’ordre, nous.

         Ça, à tous les coups, c’est l’infirmière de l’avant-veille (ou ses remplaçantes qui se sont donné le mot) !

 

 

 

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 08:02

                                                           LUNE DE MIEL AU PARADIS

 

 

http://nsm08.casimages.com/img/2013/11/21//13112101563116601911752770.jpg


         L’opération eut lieu quinze jours plus tard. Entre-temps, Castor s’était proposé comme « accompagnant », de sorte que nous passâmes notre lune de miel  dans une chambre d’hôpital — lieu sordide s’il en est mais que sa présence rendait, sinon accueillant, du moins supportable. Mon fils Frédéric, ainsi que Paul, son père, étant venus de Paris m’apporter leur soutien, le corps médical nous accorda une perm de vingt-quatre heures avant le grand jour. Ce bref retour à la normale me donna l’illusion de m’éveiller d’un cauchemar (l’illusion seulement, car  en dépit de la bonne humeur ambiante, de la musique, des enfants, des chiens, et du soleil qui, laborieusement, s’était mis de la partie, ce bonheur factice suintait l’angoisse). Olivier jouait « Le Sud » sur son accordéon, accompagné à la guitare par Barbara et Paul ; Claude battait la mesure,  Castor prenait des photos, Fred portait des lunettes noires. Et Mélanie, sur le qui-vive, tentait d’endiguer les désastres d’Alix (dit « l’intrépide , dit « la Terreur » », dit « Tornado ») qui commençait  à marcher seul.

         Bonus suprême, nous eûmes droit, Castor et moi, à l’une de ces nuits tarnaises sublimement étoilées, que ne vinrent troubler ni l’irruption d’une infirmière, ni la crainte d’être entendus par les voisins.

        

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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 07:05

 

                                                           TOUT S’EXPLIQUE !

 

                  La journée du lendemain ne fut guère plus brillante. Combien de personnes se rendirent compte que je n’étais pas dans mon état normal ? Je l’ignore. Les écrivains sont de si curieuses bêtes, n’est-ce pas. On ne peut jamais prévoir leurs réactions…

                  Castor, en revanche, ne me lâchait plus d’une semelle. Quitte à sembler « collant », il avait pris le parti de me surprotéger, quoi qu’il advienne, et passait son temps à ramasser tout ce que je semais derrière moi— sac, écharpe, livres, documents précieux (mon billet de retour, entre autres). Si bien que, vers dix-sept heures, quand la navette pour l’aéroport vint chercher les auteurs :

                  — Et si je te ramenais ?  proposa-t-il. Je n’aime pas te voir partir en avion. Tu es si fatiguée…

                   Je protestai avec énergie (bien que sa compagnie m’agréât nettement plus que celle de mes collègues) :

                  — Ne t’en fais pas : pendant le trajet, je serai avec les autres, et mon fils Olivier vient me chercher à Toulouse. Ce serait stupide de t’imposer une corvée pareille alors que tout est déjà programmé, non ?

         A contrecœur, il s’inclina, mais prit Rachel à part pour lui recommander de veiller sur moi. Elle promit, perplexe, et une fois dans l’avion, s’enquit :

                  — Qu’est-ce que t’as, Gudule ?  Je te trouve bizarre.

                  — Je suis amoureuse, fut ma seule réponse.

 

             Quelque deux heures plus tard,  je faisais le même aveu à Olivier et à sa femme Brigitte, ainsi qu’à mon frère Claude, venu du Canada durant le week-end. De sorte que mon « état » ne les intrigua pas.

         Cependant, le lendemain…

         — J’ai un drôle de truc, expliquai-je à Claude. Deux doigts de ma main gauche ne fonctionnent plus.

         Tout en minimisant la chose (on est comme ça, dans la famille), il proposa :

         — Je dois justement me rendre à Gaillac, tu veux que je te dépose chez le toubib, en passant ?

         J’acceptai avec empressement, ce qui l’étonna. Consulter, c’était pas mon genre. Mais bon, ce symptôme-là m’évoquait vaguement celui d’un AVC, et ça me foutait les jetons.

         Jetons partagés par mon médecin traitant qui, sitôt l’examen terminé, appela le service neurologique de l’hôpital d’Albi, en précisant :

         — J’envoie immédiatement ma patiente aux urgences !    

 

 

 

                                                     *

 

 

         L’I.RM. ayant  révélé ce que l’on sait, j’annonçai brutalement la nouvelle à mes proches avant d’être transférée dans le service ad hoc. Puis, une fois seule, j’appelai Castor.

         Pour m’excuser, eh oui.

         Lui demander pardon de l’avoir embarqué dans cette galère.

         Et le supplier de ne pas s’attacher à moi.

— Trop tard, répondit-il, et il sauta dans sa voiture.

         Le lendemain, à l’heure des visites, il était là.

         Nous ne nous sommes plus quittés, depuis.

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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 07:55

                                                         UN WC POUR DEUX

 

 

                  Comme la veille, nous échouâmes à une heure indue au resto japonais, moi dans une forme d’enfer, Castor toujours préoccupé par mes incohérences qui se multipliaient. Quelques exemples ? Allez.

                  Aux toilettes, je peinai à remettre mon jean — pourtant, cette fois, c’était bien le mien, je m’en assurai derechef. Mais les boutons n’étaient pas en face des boutonnières et, malgré mes efforts, refusaient de s’y loger. Quant à la jambe droite (car, de guerre lasse, j’avais fini par tout retirer, histoire de recommencer la manœuvre à zéro), elle s’obstinait à vouloir prendre la place de la gauche et vice-versa.

                  L’angoisse, quoi.

                  La super, méga, giga-angoisse.

                  Parce  que bon, j’allais pas y passer la nuit, moi, dans ce WC !

                  Ma panique atteignait son comble quand quelqu’un frappa à la porte.  Ouf, c’était Castor qui, ne me voyant pas revenir, soupçonnait un nouveau problème, d’autant, m’expliqua-t-il, qu’en cherchant le lieu d’aisance, je m’étais dirigée tout droit vers les cuisines (qui se trouvaient à l’opposé).

                  Il se glissa donc dans la cabine — au risque, si on le voyait, de provoquer un scandale — et, en un tournemain, me rendit présentable.

                  Ce qui ne m’empêcha pas, quelques instants plus tard, de piquer du nez dans mon assiette. Sans ses mains pour retenir ma tête en cours de route, je m’effondrais dans mes sushis, dis donc !

 

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18 novembre 2013 1 18 /11 /novembre /2013 08:05

 

 

                                                               DANS LES VAPES

 

                  J’étais assise derrière une pile de « Truc », mon dernier roman paru chez Rivière Blanche. Et tandis que les visiteurs me tendaient leur exemplaire, je sentais, malgré moi, ma tête s’alourdir, et mes paupières devenir de plomb.

                  Par chance, à chaque fois que je fermais les yeux, une pression sur la cuisse me rappelait à l’ordre ; Castor veillait.

                   — Gudule, les gens attendent…

                  Durant une fraction de seconde, les rêves désertaient mon esprit pour revenir en masse, sitôt la signature torchée.

                  Arriva le moment du débat public dont le thème était, si je me souviens bien : « lecture-frisson, lecture-plaisir ». Il se déroulait dans l’un des deux Magic-Mirrors (constructions foraines en bois enluminé et verre couleur, louées pour l’occasion et installées dans le parc  paysager qui servait de cadre au festival.) Nombre de mes amis y participaient, ce qui aurait dû, en toute logique, me stimuler, mais ne contra pas mon irrépressible envie de dormir. Au point que l’animateur finit par me lancer, sur un ton ironique :

                  — Gudule, reviens parmi nous ! Tu es dans la lune ou quoi ?

                  — Peut-on reprocher à un écrivain d’être dans la lune quand il y puise son inspiration ? eus-je (je ne sais comment) l’à-propos de répondre.                           

                  La salle s’esclaffa.

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                  Castor, qui, installé au premier rang, ne perdait pas une miette de mes rares interventions, m’assura que je n’avais ni bafouillé, ni semblé perdre le fil de mes idées.

                  — Tu n’étais juste pas là, conclut-il.

                  Alors, moi, égrillarde :

                  — Forcément : chuis crevée. Faut que je récupère. Que dirais-tu d’une petite sieste ?

                  Il n’avait rien contre. Fuyant le repas collectif et bruyant, nous réintégrâmes donc le silence de nos draps blancs. Si la chose m’enchantait pour les raisons susdites, je pense que les motivations de Castor étaient tout autres. Au moins, entre ses bras, je ne courais aucun risque. Il pouvait enfin relâcher son attention,  et cesser de scruter anxieusement la foule dès que je m’éloignais. Cajoler une femme, c’est bien moins épuisant que de la protéger contre le monde entier — y compris elle-même.

 

                   Par chance, hormis d’éventuelles dédicaces (en horaire libre), je n’avais rien de prévu cet après-midi-là. De sorte que la journée s’acheva en farniente.

 

 

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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 08:23

 

 

                                                         LE TEMPS DES SOUPIRS

 

 

                  Les choses  se gâtèrent quand je voulus enfiler mon jean.

                  Impossible de fermer la braguette.

                  Ça a l’air con à dire, mais se trouver  subitement dans l’incapacité de passer une fringue qui, la veille, vous allait comme un gant,  je ne connais rien de plus stressant. Avais-je changé de forme durant la nuit ? Gonflé ? Grandi ?  M’étais-je déformée ? Épaissie ? Bosselée ? J’avais beau tirer sur le tissu, remuer les fesses dans tous les sens, m’acharner sur la fermeture Eclair, ce foutu fute ne voulait rien savoir…

                  Face à l’insondable mystère, je m’apprêtais à déclarer forfait quand, dans un flash, je réalisai : mon pantalon à moi avait des boutons, pas un zip.  En fait, j’étais en train de me bagarrer avec celui de Castor qui, la bonne blague !, n’était pas à ma taille.

                  En riant sous cape, je rectifiai le tir, mais au moment d’attacher mes baskets, rebelote. Les lacets refusaient de se laisser nouer.  Ils m’échappaient, glissaient entre mes doigts  comme des vers ou des serpents. A défaut d’un nœud correct, je les emberlificotai tant bien que mal autour de mes chevilles, tout en me répétant avec effarement : « T’es drôlement dans le coltard, ma cochonne ! Décidément, t’as passé l’âge des galipettes… »

                  Mais bon, j’avais faim, et j’adore les petits déjeuners des hôtels. Laissant Castor à son sommeil réparateur, je m’éclipsai donc, sapée comme l’as de pique — car le reste de ma tenue était à l’avenant de ce que je viens de décrire.

                  Lorsque, le ventre plein,  je remontai dans la chambre, mon petit camarade sortait de la salle de bains. Et je lus illico la stupeur dans ses yeux.

                  ­ ­ — Euh… c’est exprès que ta manche pendouille comme ça ? s’enquit-il en me rajustant.

                     Sur le moment, sa réflexion me fit marrer.

                    — Non mais, quelle gourdasse ! m’écriai-je. Même pas capable de m’habiller toute seule, tu te rends compte ?

                   Castor joignit son rire au mien.

                  — Encore un « Grand moment de solitude »…

                  Ce  ne fut que bien plus tard qu’il m’avoua avoir été glacé par ce spectacle,  et surtout par le fait que je ne m’en inquiète pas.

                  Car, lui l’était, inquiet. Et, au fil des heures, ce sentiment ne fit que croître et embellir.

                  — Tu n’étais plus toi, me dit-il, par la suite. Tu paraissais droguée.  Dans un état second, tu vois ?  A tel point que j’ai cherché dans ta trousse de toilette si tu n’avais pas pris une surdose de médocs.

                  Tout cela, bien entendu, m’échappait complètement. Je planais entre ciel et terre. Ce fut en ronronnant que, collée contre lui, je rejoignis le site du festival (« à tout petits pas , me précisa-t-il . Et en titubant »).

                  — J’ai pas assez dormi,  pouffai-je lorsqu’il m’en fit la remarque.  A qui la faute ?                    

                  N’empêche que je me sentais comme un poisson dans l’eau. Après la traversée du désert de ces deux dernières années, retrouver  mon public, mes copains écrivains, les éditeurs qui me suivaient depuis toujours — bref, redevenir moi-même — me ravissait au-delà de tout. C’est un milieu si attachant que celui des littératures de l’imaginaire (SF, fantastique, fantasy, etc) ! J’échangeais des sourires, des bisous à la ronde — un peu trop ostensibles, peut-être ?

         — On dit toujours que nous écrivons pour être aimés, glissai-je à Castor dans le creux de l’oreille. Eh bien c’est vrai. Et ça marche, la preuve !

                  Cette euphorie affective, s’ajoutant à celle de mes émois nocturnes, me dopait. Je rayonnais littéralement. Ce n’est qu’un peu plus tard que la somnolence me saisit…

 

 

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16 novembre 2013 6 16 /11 /novembre /2013 07:40

 

                                 LE PREMIER MATIN DU MONDE           

 

                  Une fois arrivée à destination (en fin d’après-midi), je n’eus rien de plus pressé que de rappeler Castor. Cette fois, ouf, il répondit.

                  — T’es où ? soufflai-je.

                  — Ben, sur ton stand, pardi !

                  C’était la vérité vraie. Alleluia. En me haussant sur la pointe des pieds, je pouvais l’apercevoir, de dos, avec son blouson noir à capuche de sweat gris. Je me ruai sur lui.

                  — Tu ne devineras jamais ce qui m’est arrivé.

                  Il eut son petit sourire en accent circonflexe inversé.

                  — Tu as raté ton avion.

                  — Comment le sais-tu ?

                  — J’ai demandé à l’accueil.

                  L’instant d’après, plantant là public, libraires, organisateurs et collègues, nous gagnions l’hôtel bras-dessus bras-dessous avec des trépignements de  gamins en goguette.

                  Nous y attendaient des tickets-repas valables dans les meilleurs restos de la ville, ainsi que des invitations à des expos, concerts, cocktails et autres réjouissances festivalières.

                  Prétextant la fatigue du voyage — ben voyons ! — je proposai  à Castor un plateau de sushis dans le japonais d’à-côté, ce qu’il accepta à l’unanimité. Puis, l’en-cas expédié en quatrième vitesse, nous rentrâmes vite, vite, dans ce que nous appelions d’ores et déjà « notre chambre ».

 

 

 

                                                     *

 

                  La nuit qui suivit fut inoubliable.

 

 

 

                                                     *

 

                  Au matin, j’étais amoureuse. 

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15 novembre 2013 5 15 /11 /novembre /2013 07:31

 

 

                                                                   MISÈRE !

 

                  Rachel se planta dans ses horaires.

                  Et nous ratâmes l’avion.

                  Nouveaux billets payés au prix fort, nouvel itinéraire ;  plusieurs  heures d’attente à Charles de Gaulle. Impossible d’atteindre les organisateurs pour les avertir que 1)  nous allions louper la navette nous emmenant de Strasbourg à Épinal, 2) j’arriverais en retard pour les deux tables rondes auxquelles j’étais conviée, prévues en fin de matinée et en début d’après-midi.

                  La merde, quoi.

                  J’appelai Castor sur son portable, histoire de le tenir au courant de mes déboires,  et tombai sur sa boîte vocale

                  La double merde.

                  Et pour couronner le tout, mon tube de dentifrice me fut confisqué à l’embarquement, comme s’il s’était agi d’une kalachnikov.

                  La triple merde de merde.

                  Cette accumulation de petits désagréments qui, en temps ordinaire, ne m’aurait pas affectée outre mesure, me provoqua un tel stress que Rachel s’en alarma. Elle ne m’avait jamais vue dans cet état. Afin de la tranquilliser, j’imputai mon pétage de câble à une conscience professionnelle exacerbée («  J’ai horreur de ne pas tenir mes engagements, tu comprends ?  ») mais en réalité, ce qui me perturbait, c’était de faire faux bond à Castor.

 

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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 07:57

 

                                                                            ÉPINAL

 

 

                  Les Imaginales d’Epinal — ce festival du livre fantastique où j’avais décidé de me rendre, après plusieurs années d’absence  — avaient lieu fin mai. 

                  — Tu viendras m’y retrouver ? demandai-je à Castor, mine de rien.

                  Il acquiesça. Avec un bémol, cependant :

                  — Je n’ai pas réservé de chambre d’hôtel, et tout doit être plein des mois à l’avance…

                  Alors moi, sans me démonter :

                  — Bah, pas grave, on te trouvera une chtite place dans la mienne, de chambre.

                  La cause étant entendue, il n’en fut plus question. Sauf dans ma tête, bien sûr. Plus le temps passait plus j’éprouvais l’effroi mâtiné d’allégresse de la petite fiancée à la veille de ses noces. (Le premier qui rigole est prié de sortir.)

                  Vint le fameux jour j. J’avais soigneusement choisi mes fringues, emprunté un blouson à Barbara, l’aînée de mes petites-filles, et pas fermé l’œil de la nuit. Une amie écrivaine — appelons-la Rachel — qui habitait la ville voisine, devait venir me chercher en voiture  pour m’amener à l’aéroport, car je n’ai jamais été fichue de passer le permis.

 

                  C’est là que tout commença à déconner.

 

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