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13 septembre 2012 4 13 /09 /septembre /2012 07:28


Vertigo

       La peur, la vraie, celle qui vous dézingue les neurones, je l’ai connue en Equateur.

      Nous avions pris le bus qui relie Quito à Banôs, petite ville thermale de la Cordilière des Andes. Un voyage d’une demi-journée, dans un véhicule cahottant et bondé, si typique que j’en avais le cœur chaviré (ainsi, d’ailleurs, que l’estomac)...

       Les premiers kilomètres se déroulèrent sans encombre. Certes, nous roulions sur une minuscule route en lacets, taillée dans la paroi rocheuse. À droite, le flanc escarpé de la montagne, à gauche, le précipice, et entre les deux, à peine la place de croiser une voiture. Mais les autres passagers ne semblait guère inquiets ; pourquoi l’aurais-je été ?

       Au bout de quelques heures, nous atteignîmes les crêtes.

       — Regarde, me dit Sylvain, en désignant le ravin en contrebas. C’est le rio Pastazza.

     J’ouvris les yeux (que j’avais quand même fermés, par précaution) et pus voir, dans le gouffre vertigineux qui nous environnait, tournoyer les condors. Une centaines de mètres plus bas, au creux de la vallée, serpentait un mince filet d’eau. Je sentis mes orteils se hérisser d’épingles.

Au même moment, le bus s’engagea sur un pont de bois sans parapet, ayant, à peu de chose près, la dimension de ses roues.

       — Il n’y a jamais d’accident ? soufflai-je, tétanisée.

       — Les conducteurs ont l’habitude, répondit Sylvain sans sourcillier.

      — Mais pas les touristes, intervint une Indienne qui suivait notre conversation. Le mois dernier, un car d’Allemands a fait le grand plongeon. Aucun rescapé.

      Le bus, à présent, avançait au pas d'homme car, outre son étroitesse, le pont était défoncé. Les pneus ripaient dans le vide. Les cris des voyageurs penchés aux fenêtres, qui commentaient bruyamment la manœuvre, ne couvraient pas le craquements des rondins, mis à mal par le poids du véhicule en nette surcharge...

       Il paraît qu'au moment de mourir, on voit défiler sa vie en une fraction de seconde. Eh bien, c’est vrai. Il paraît aussi qu’on pisse dans son froc ; je confirme. Et je confirme autre chose : les conducteurs équatoriens sont des as du volant. J’en suis la preuve vivante.

      Cet événement m’a tellement marquée qu’il s’est retrouvé dans trois de mes livres. Deux romans : « Un amour aveuglant » et « Au Gringo’s bar », ainsi qu’une nouvelle, « Brève rencontre », parue dans mon recueil « Un bout de chemin ensemble ». Ces damnés écrivains font vraiment feu de tout bois !

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12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 06:14

Episode 63

  Résumé des chapitres précédents : Slip-les-Bains, abandonnée par ses habitants terrifiés, n’est plus qu’une ville fantôme où sanglote le vent du large.

 

         — C’est curieux, remarqua Ruth Prout, on ne voit pas trace de pollution nulle part.

         Les rues, en effet, étaient propres. La mer bleue. La plage blonde. Dans le port se balançaient des voiliers aux vives couleurs.

         — Tu as raison, dit Zoé. Selon les journaux, tout était couvert de mazout.

          — La presse ne raconte que des conneries, trancha Sire Concis, péremptoire.

         Dans leur fuite précipitée, la plupart des Slipois avaient ommis de fermer leurs portes. Par les fenêtre ouvertes, les radios, restées allumées, créaient une inquiétante illusion de présence. Ayant visité quelques villas au hasard, nos héros y trouvèrent des tables couvertes de mets (et envahies de mouches), des baignoires emplies d’eau savonneuse (mais froide), des lits portant encore l’empreinte de leurs occupants.

         — Ça fout les jetons, hein, frissonna Ruth Prout.

         Zoé approuva, la gorge serrée.

         — Ouaip, on se sent seul au monde. 

         — Comme au théâtre, quand les acteurs quittent la scène et qu’il ne reste que le décor...

         Sire Concis, par chance, était imperméable à la mélancolie.

         — Au lieu de vous gargariser de lieux communs, venez donc visiter le casino, les houspilla-t-il.

         Les deux femmes, rappelées à l’ordre, lui emboitèrent le pas, et tous trois pénétrèrent dans l’immense bâtiment modern style, qui faisait également hôtel et restaurant.

         Autour de la table de jeu, des chaises renversées. Sur le tapis vert, des jetons répandus pêle-mêle, une roulette immobile, un râteau de croupier. Quelques verres de champagne éventé.

         — Si ça se trouve, ils n’ont même pas pris le temps d’empocher leurs gains, murmura Zoé, impressionnée.

                                                                                                                                    (A suivre)

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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 07:14

Echec et mat

         Je n’ai jamais aimé les voyages. Hors de leur territoire, les bêtes se sentent en danger ; je ne fais pas exception à la règle. Mais bon, cette année-là —  87, si ma mémoire est bonne (ou 88 si elle ne l’est pas) — Sylvain m’entraîna en Equateur où il avait longuement vécu, ado. Un pélerinage, en quelque sorte. Une manière comme une autre de m’inclure dans son passé... Ça ne se refuse pas !

         Nous débarquons donc à Quito, direction le Gran Casino, un hôtel pour routards d’un beauté prodigieuse, presque entièrement à l’abandon — ce qui justifie son prix modique. Sylvain, qui parle couramment l’espagnol, se lie aussitôt avec un client de passage, dreads, pantalon afghan, tongs, sac à dos. Une chance : ils sont tous deux férus d’échec et un jeu traîne sur le bar.

         Tandis qu’ils « poussent le bois » en sirotant des Cuba Libre, je m’ennuie. Ce qui me vexe. Je n’ai pas fait douze heures d’avion pour rester plantée dans un patio, fût-il charmant. Si je partais en exploration ? J’ai remarqué, en venant, des escaliers qui montent au sommet de la ville, dominée par une gigantesque Vierge ailée. De là-haut, on doit avoir un point de vue fabuleux.

         — Je vais faire un tour, dis-je à Sylvain.

         Il lève distraitement la tête.

         — Ah ? Où ça ?

         — Voir la statue.

         — Je vous le déconseille, s’immisce son partenaire, dans un français plus qu’approximatif. Il y a beaucoup d’agressions.

         — Il a raison, approuve Sylvain, avant de replonger dans son jeu. Patiente cinq minutes, je finis la partie et on y va ensemble.

         Docilement, je me rassieds, commande une autre conso. Attends un quart d’heure, vingt minutes... La partie s’éternise. Au bout d’une demi-heure, je prends la mouche et me casse. Mais en sortant de l’hôtel, je me heurte à un couple qui vient en sens inverse.

         — On s’est fait dépouiller, expliquent-ils, hors d’eux. Des mecs nous on piqué nos sacs, notre argent, nos appareils photos, nos montres...

         — Et même ma boucle d’oreille, gémit la fille. Regardez : ils m’ont déchiré le lobe en l’arrachant !

         — Où est-ce arrivé ? s’enquiert Sylvain, tandis que l’hôtellier appelle la police.

         — Dans l’escalier qui mène à la statue. C’est un vrai coupe-gorge ! On a bien failli y laisser notre peau...

         Oh, punaise, je l’ai échappé belle !

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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 07:20

Episode 62

          Résumé des chapitres précédents : Aïe aïe aïe, voilà la population qui s’en mêle, maintenant. Une colonne de villageois furieux déboule à Maldonjon pour en chasser les bébés combattants.

 

         Par bonheur, quand la troupe hurlante envahit le château, il était vide. Sire Concis, chevauché par Zoé et Ruth Prout, s’était envolé vers la côte, suivi par les poupons armés de leurs missiles.

         Déçus mais non découragés, les assaillants mirent les lieux à sac avant d’y bouter le feu. S’ensuivit l’un des incendies les plus dévastateurs qu’ait connu la région depuis des siècles. Poussées par le vent d’autan, les flammes ravagèrent des centaines d’hectares de forêt ; plusieurs villages et villes de moyenne importances furent rayés de la carte, et, toutes les cultures ayant été détruites, le département fut déclaré sinistré. L’Etat dédommagea grassement les victimes tandis que, dans un magnifique élan de solidarité, des quêtes s’organisaient au niveau national — dont le fameux Craméthon, qui rapporta plusieurs millions d’euros. Comme quoi, une action xénophobe bien menée, au bon moment, ça peut rapporter plus que de gagner au Loto !

         Mais que cet apparté ne nous fasse pas oublier l’essentiel : la lutte contre les descendants du Petit Prince. Reprenons donc gaiement le fil de notre récit.

         Un radieux soleil pointait à l’horizon quand nos héros atteignirent Slip-les-Bains.

         — Mon dieu, souffla Zoé, quelle désolation ! 

         La petite station balnéaire, jadis riante, était déserte. Pas âme qui vive dans les rues. Juste un silence de mort, quelques papiers gras poussés par le vent le long de la digue et l’écho du ressac sonnant comme le glas. 

         Abandonnant son escadrille qui folâtrait dans les nuages, Sire Concis atterrit. Et, posant sur le sol ses deux passagères frissonnantes :

         — Nous voici au royaume de la mort, dit-il d’une voix lugubre.

 

                                                                                                                                          (A suivre)

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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 07:17

Spiritisme

         Sur le répertoire de mon portable, le nom de mon fils se trouve juste en-dessous de celui de mon ex-patron. Il fallait bien qu’un jour je me trompe de ligne.

         — Allo, mon chéri ?

         Voix stupéfaite :

         — Mais... qui êtes-vous ?

         — Ta mère, voyons ! Tu ne me reconnais pas ?

         Grand silence, puis mon correspondant raccroche.

         Réalisant ma méprise, je m’empresse d’en faire part à une amie qui le connaît bien. Mais au lieu de rigoler comme prévu, elle s’effare :

         — Oh, la gaffe !

         — Pourquoi ?

         — Sa mère est morte la semaine dernière...


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8 septembre 2012 6 08 /09 /septembre /2012 07:36

Episode 61

         Résumé des chapitres précédents : Asia Li-Li, l’une des plus grandes trafiquantes d’armes de la planète, a fourni à Zoé des missiles à têtes nucléaires contre une partie de chifoumi.

 

         Lorsque Zoé parvint à Maldonjon, au terme d’une éreintante nuit de route, les missiles étaient là, entassés dans un coin du parc. Avec une pensée émue pour la belle Chinoise, notre héroïne enjamba les bambins endormis, et se glissa dans le château. Elle tombait de sommeil.

         Ce fut la voix de Sire Concis, entraînant ses troupes, qui la réveilla, quelques heures plus tard.

         Le dragon était un fin pédagogue. Sachant que, par nature, le bébé est réfractaire à toute discipline, il avait transformé la résistance en jeu. Des rires, des comptines et des distributions de tétines agrémentaient les exercices. De plus, chaque ordre s’accompagnait d’un bisou, voire de deux.

         Dans ces conditions, les poupons apprirent très vite à voler en escadrille et, au commandement de leur chef, à lâcher ce qu’ils tenaient en main (en l’occurence, des troncs d’arbres figurant les missiles).

         Ce qui perturba grandement les riverains.

         Mettons-nous un instant à la place des pauvres gens qui voyaient déjà d’un mauvais œil la présence, dans le voisinage, d’un dragon et d’un bébé géant. Alors, de plusieurs centaines ! Et qui plus est, faisant pleuvoir des bûches sur leurs maisons !

         Le maire convoqua à la hâte le conseil municipal.

         — L’année dernière, nous nous sommes opposés à l’installation, sur le territoire de la commune, d’un centre de réinsertion pour délinquants handicapés, déclara-t-il. Nous craignions pour notre tranquillité... Or, aujourd’hui, Maldonjon abrite des trublions qui, non contents de nous déranger, détruisent nos biens, menacent nos vies, et font fuir les touristes loin de nos verdoyantes contrées. Allons-nous supporter cela longtemps ? Non, mes amis, il faut les chasser. S’en débarrasser coûte que coûte. Sus aux monstres !

         Galvanisée par ce discours, la population se leva comme un seul homme. Et, brandissant des torches, des fourches, des faulx, des fusils de chasse, se dirigea vers le château en éructant, la bave aux lèvres et l’œil hagard :

         — Sus aux monstres ! Sus aux monstres !

                                                                                                                                    (A suivre)

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 06:29

La délicatesse

         Bon, d’accord, j’étais amoureuse, mais Sylvain partageait-il ce sentiment ? Rien n’était moins sûr. On préparait nos émissions ensemble, on buvait des coups au troquet du coin, on discutait, on se marrait... et basta. Nos relations se bornaient à ces instants de bonne camaraderie, alors que je rêvais qu’elles se concrétisent dans un grand lit carré couvert de toile blanche lonla.

         Pour ce faire, je conçus un plan machiavélique. J’habitais en banlieue parisienne, et mon dernier train partait à 21h15. Un soir, donc, je m’attardai plus que de coutume dans le studio.

         — Oh, mon Dieu, m’écriai-je, en consultant ma montre, il est presque 22 h. Comment vais-je faire pour rentrer chez moi ?

         — Euh... si tu veux, je te paie un taxi, dit Sylvain, qui n’avait pas un rond.

         — Pas question ! Par contre, tu pourrais peut-être m’héberger ?

         À ma grande surprise, il secoua la tête.

         — Non, je n’ai pas la place... Mais ne t’inquiète pas, on va trouver une solution.

         Sans me laisser le temps de protester, il partit téléphoner et revint avec un grand sourire.

         — Mon copain Seb passe te prendre en voiture dans un quart d’heure ; la piaule de son colloc est libre pour quelques jours. Tu verras, c’est un mec sympa, toujours prêt à rendre service.         

         Supputant une méchante embrouille, je ne desserrai plus lèvres jusqu’à l’arrivée de Seb. Durant le trajet non plus. Et lorsqu’il me proposa un dernier verre, je lui répondis sèchement que j’étais fatiguée. Devant mon air rébarbatif, il s’empressa de me montrer ma chambre, la salle de bains, et s’éclipsa. Bien lui en prit : s’il avait risqué le moindre geste équivoque, je l’aurais mordu !

        Quand, des mois plus tard, devenue intime avec Sylvain, je lui demandai les raisons de ce plan foireux, il me répondit simplement :

         — Je ne voulais pas profiter de la situation. Tu semblais tellement perdue...

         — Et si Seb en avait profité, lui ?

         — Aucun risque, il connaissait mes sentiments pour toi.

         Que répondre à ça ?

          

         

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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 07:24

Episode 60

          Résumé des chapitres précédents : Que va exiger la belle Asia, en échange de ses trois cents missiles à têtes nucléaires ? L’avez-vous deviné, petits canailloux ?

 

         L’émotion empourpra les joues de Zoé.

         — Tu y repenses parfois ? fit-elle d’une voix sourde.

         — Très souvent. Et ça me manque, tu ne peux pas savoir !

         — Moi aussi...

         Quelque chose d’à la fois fragile et violent passa entre elles. Comme une aile de papillon portée par la tempête.

         — Asia, dit Zoé, les lèvres tremblantes.

         — Zoé, répondit Asia, le souffle court. 

         Elles fermèrent les yeux ; l’univers bascula.

         — Un, deux trois... caillou ! s’écria Asia en tendant le poing, tandis que simultanément, Zoé, l’index et le majeur écartés, lançait :

         — Un, deux, trois... ciseaux !

         Elles éclatèrent d’un rire attendri. Une joie indicible les illluminait.

         — Feuille !

          — Puits !

          Le jeu, qui ranimait leurs anciennes connivences, se prolongea durant de longues heures. Et quand vint le moment de la séparation :

         — Alors ? Heureuse ? s’enquit Zoé avec douceur.

         Asia hocha la tête en essuyant une larme.

         — Ne me quitte pas, souffla-t-elle. Laisse-moi devenir l’ombre de ton ombre, l’ombre de ta main, l’ombre de ton chien...

         — Ne te donne pas cette peine, cocotte : je règle quelques petits problèmes et je reviens ! promit Zoé, en tournant la poignée de la porte.

                                                                                                                             (A suivre)

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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 06:53

Le Juif

          — Ton manteau est trop petit, dit maman. Je vais t’en acheter un neuf chez le Juif.

         « Le Juif » tient un magasin de prêt-à-porter, dans le bas de la rue. C’est un commerçant aimable et empressé.

         Nos emplettes terminées, nous remontons chez nous.

         — Pourquoi tu l’appelles « Le Juif » ? demandai-je en chemin. Il n’est pas Belge, comme nous ?

         Maman secoue négativement la tête. Et moi, sans me démonter : 

         — Alors, comment ça se fait qu’il a l’accent bruxellois, hein ? 

         Ce fut la première fois que je doutai de ma mère. J’avais six ans.


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4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 07:28

Episode 59

         Résumé des chapitres précédents : Zoé est en route pour le Georges V, où elle espère rencontrer Asia Li-Li, éminente trafiquante d’armes. En souvenir de leurs jeunes années, celle-ci ne refusera sûrement par de l’aider !

 

         En pénétrant dans l’appartement d’Asia, Zoé se demanda franchement où elle était. Il y avait tout le mystère et la fascination de l’Extrême-Orient entre ces quatre murs ! Pénombre, tentures, mobilier, bibelots évoquaient quelque bordel de Macao pour milliardaire. De lourdes senteurs d’opium flottaient dans l’atmosphère, ainsi qu’une musique guyue qui semblait sourdre de nulle part et de partout à la fois.

         Sur un lit couvert de tissus précieux reposait une femme d’une beauté admirable.

         — Asia ? s’exclama Zoé, éblouie. Tu es magnifique !

         Elle gardait en mémoire les étapes successives de sa métamorphose. Moche adolescent, puis jeune fille sans attraits, et enfin femme assez quelconque...

         — Le papillon est enfin sorti de sa chrysalide, répondit Asia d’une voix grave.

         Elle se leva, dans un froissement de soie à faire chavirer un ascète castré.

         — Que me vaut le plaisir de ta visite, ma chère Zoé ?

         Notre héroïne n’y alla pas par quatre chemins.

         — J’ai besoin d’armes.

         — Combien ?

         — Beaucoup.

         — Je viens de recevoir une petite cargaison de missiles taïwanais. Trois cents, ça suffirait ?

         — Ce serait parfait.

         — À têtes nucléaires ?

         — Si possible.

         — Je te les fais livrer chez toi, dans la soirée. Tu habites toujours Barbès ?

         — Non, pour l’instant, je suis dans les Pyrénées.

         — Ça tombe bien, j’ai un dépôt à Lourdes. Je le contacte tout de suite... 

         C’était plus que Zoé n’eût osé l’espérer dans ses rêves les plus fous.

         — Comment te remercier ? murmura-t-elle.

         La belle Asiatique eut un rire en cascade, à la fois rauque, doux et follement sensuel.

         — Tu le demandes, bougresse ?

                                                                                                                             (A suivre)

 

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